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Namibie: redistribuer les terres aux Noirs pour «corriger les erreurs du passé»

La Namibie organise du 1er au 5 octobre 2018 une conférence nationale sur la terre. Objectif: trouver des solutions pour engager une réforme agraire, à l'image de celle opérée par son grand voisin sud-africain afin d'autoriser l'expropriation sans compensation des terres au profit de la population noire.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Hage Geingob, président de Namibie, le 20 septembre 20017 à l'ONU. (Jewel SAMAD / AFP)

L'expropriation pour pouvoir redistribuer les terres à la majorité noire: le sujet est ultra-sensible en Namibie, près de vingt ans après l'indépendance du pays en 1990, jusque-là sous contrôle de l'Afrique du Sud de l'apartheid. 
 
Un quart de siècle après la chute du régime de l'apartheid, le président Hage Geingob est déterminé à «corriger les inégalités foncières héritées de l'époque coloniale». «Je crois que nous, Namibiens, devons avoir ces conversations difficiles, dans le but de trouver des solutions durables, aux défis de l'inégalité et de la privation de terres», a-t-il déclaré alors que le pays fêtait, le 21 août 2018, ses 27 années d'indépendance.

Car, selon lui, «sans des mesures appropriées, notre paix ne sera pas durable», a-t-il plaidé, alors que plus des deux tiers des terres agricoles sont toujours détenues par la minorité blanche qui représente 8% de la population.

Pas d'évictions forcées en vue
Ce qui n'a pas empêché le chargé des relations publiques du ministère namibien des Terres et de la Réinstallation, Chrispin Matongela, d'affirmer en 2017, selon le site What Is Hapening In Africa, que «le ministère a acquis 25 fermes durant la seule année 2016. Alors que chaque année, nous sommes censés acquérir environ 90.000 hectares, nous en avons acquis 1.550.000 au cours de l’exercice écoulé, soit presque le double des objectifs fixés».

Sauf que la quasi-totalité des terres agricoles sont encore détenues par des Allemands ou Sud-Africains, affirmaient il y a deux ans les autorités du pays. La politique de transfert des terres sur la base du volontariat des propriétaires, menée par le tout premier gouvernement namibien post apartheid, a échoué. M.Geingob se refuse à son tour à mener des évictions forcées de terres détenues par les Blancs.

En avril 2018, la Namibie avait planché sur un projet de loi qui prévoyait d'imposer aux entreprises du pays, notamment celles dans le secteur du tourisme très largement tenues par des Blancs, d'ouvrir au moins un quart de leur capital à des investisseurs noirs. Mais faute de moyens, elle y a renoncé.

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