Pour lutter contre l’abandon des bébés, l’Afrique du Sud attend une loi
L'abandon légal n'est pas reconnu dans le pays. Ce qui entraîne un taux de mortalité hors normes de nouveaux-nés.
Chaque année, 3000 enfants sont abandonnés en Afrique du Sud, d’après des estimations officielles. Mais selon certaines associations, ce chiffre pourrait atteindre les 10 000 abandons annuels car beaucoup d’enfants meurent avant même d’avoir été retrouvés.
Les petits sont abandonnés un peu partout, dans les toilettes publiques, dans des parcs, le long des voies ferrées, ou plus cruellement dans des poubelles. C’est l’association Door of Hope (Porte de l'espoir) elle-même qui le dit : "L’abandon d’enfants en Afrique du Sud est malheureusement chose courante." Door of Hope a été fondée en 1999 par le pasteur Cheryl Allen, considérant qu’il fallait "faire quelque chose".
Cela a commencé par le perçage d'un trou dans le mur de l’église de l'association pour y créer une "boîte à bébé". Son origine remonte au Moyen-Age où on l’appelait alors "tour d’abandon". Une centaine existe encore en Allemagne. Il s'agit d'une ouverture fermée par une porte. La maman peut ainsi déposer son enfant non désiré en toute sécurité pour lui et anonymat pour elle. La boîte à bébé a ainsi accueilli 216 nouveaux-nés depuis sa création.
Reportage AFP Michèle Spatari
L’église s’est engagée ainsi à prendre soin des enfants, et cela s’est vite su. Et désormais, certaines mères ne se cachent plus derrière l’anonymat pour abandonner leur bébé directement auprès de l’association.
La pauvreté et l’absence de soutien familial expliquent, selon les professionnels du secteur, ce taux élevé d’abandon dans le pays. "Toutes les mères à qui j’ai parlé, qui avaient abandonné leur enfant ont, elles-mêmes, été abandonnées par leur partenaire, leurs parents et par l’Etat", explique Dee Blakie, une militante fondatrice de la Coalition nationale de l’adoption.
Légaliser l'abandon
Car ces grossesses non désirées se déroulent dans un contexte très lourd. Viols, incestes, prostitution, grossesses précoces, autant de situations où l’abandon semble le moyen le plus simple de régler le problème.
Les ONG réclament une loi pour dépénaliser l’abandon à la naissance à l’hôpital, ou bien si l’enfant est remis entre "des mains sûres". "Nous pensons que l’abandon sécurisé, comme le fait de laisser l’enfant dans un hôpital, dans un poste de police ou chez les pompiers, ne doit pas être considéré comme une infraction pénale", explique Nadene Grabham, de Door of Hope.
Aujourd’hui pour ces ONG, le problème est double. Car l’adoption est en chute libre dans le pays. 1186 enfants ont été adoptés en 2018, quatre fois moins qu'en 2010. Ce qui veut dire que les enfants vont rester à la charge des foyers plus longtemps. Cela a non seulement un coût financier, mais aussi des conséquences psychologiques pour l’orphelin.
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