60e anniversaire des Accords d'Evian : "C'est une journée de deuil pour les harkis et leurs familles", réagit le président des harkis d'Ile-de-France
Kader Tamazount affirme que pour les harkis, les Accords d'Evian marquent non "la fin de la guerre d'Algérie" mais "au contraire le début de la guerre".
"C'est une journée de deuil pour les harkis et leurs familles", réagit samedi 19 mars sur franceinfo Kader Tamazount, président des harkis d'Île-de-France, à l'occasion des commémorations du 60e anniversaire des Accords d'Evian, mettant un terme à la guerre d'Algérie. "Pour nous, ce n'était pas la fin de la guerre d'Algérie", poursuit ce fils de harkis, "c'était au contraire le début de la guerre".
franceinfo : Comment les harkis vivent-ils aujourd'hui cette commémoration des accords d'Evian ?
Kader Tamazount : C'est une journée de deuil pour les harkis et leurs familles. Pour nous, ce n'était pas la fin de la guerre d'Algérie, c'était au contraire le début de la guerre. Le 12 mai, deux télégrammes sont partis du gouvernement français de l'époque, ordonnant l'abandon des harkis à la vindicte populaire et à l'ennemi. Ce qui veut dire que nous avons subi le 12 mai 1962 le massacre de 100 à 150 000 harkis et chaque année, le 12 mai, nous commémorons ce drame. C'est cette date qui nous intéresse.
Vos parents étaient eux-mêmes dans le camp de Bias...
Je suis né au camp de Rivesaltes, qui a été un camp de transit, un camp de de triage quelque part. Ensuite, mes parents ont été internés au camp de Bias, privés de toute liberté, de leurs droits fondamentaux. Et c'est à ce titre que j'exige une réparation à hauteur de tous les préjudices. Nous avons été spoliés de tout pendant une quinzaine d'années. Nous exigeons une commission d'évaluation de tous les préjudices. Il faut que l'État assume l'ignominie qu'il a fait subir aux harkis du camp de Bias dans le Lot-et-Garonne.
Que réclament les harkis à l'État aujourd'hui ?
Le pardon du président de la République reste le pardon, mais il a oublié de citer les massacres en Algérie. À aucun moment il n'a parlé des morts, encore moins de l'histoire des harkis en Algérie. Ce que nous attendons aujourd'hui de l'État français, c'est qu'il se rappelle de ce qu'il a fait sur le sol français. Aujourd'hui, nous avons un souci avec l'État français et non avec l'État algérien. Il doit en assumer sa responsabilité en réparant tous les préjudices subis.
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