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60e anniversaire des Accords d'Évian : "On réussit à avoir un regard un peu plus serein sur cette période", estime un historien

À la veille d'une cérémonie commémorative à l'Élysée, l'historien Tramor Quemeneur estime que "les choses sont vues avec plus de maturité, plus de distance, notamment par la jeunesse".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Signature des Accords d'Evian le 18 mars 1962, à l'Hôtel du Parc à Évian-les-Bains, France. (REPORTERS ASSOCIES / GAMMA-RAPHO / VIA GETTY IMAGES)

À la veille d'une cérémonie à l'Élysée pour le 60e anniversaire des Accords d'Évian et du cessez-le-feu en Algérie, Tramor Quemeneur, historien de la Guerre d'Algérie, chargé de cours aux universités Paris VIII et de Cergy, estime vendredi 18 mars sur franceinfo qu'il "est temps de voir les choses avec un peu plus de distance et de sérénité". Pour Tramor Quemeneur, "on réussit à avoir un regard un peu plus serein sur cette période", mais il "y a encore du travail [de mémoire] à faire".

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franceinfo : La République française parle d'un souci "d'apaisement" des mémoires. Selon vous, l'enjeu est là ?

Tramor Quemeneur : Bien entendu. Deux générations se sont écoulées depuis l'indépendance, il est temps de voir les choses avec un peu plus de distance et de sérénité. Je pense qu'aujourd'hui on est en train de parvenir à cela. Il y a moins de polémique qu'il y en a eu. Elles sont présentes d'un point de vue politique, mais du point de vue mémoriel, on s'aperçoit, notamment dans la jeunesse, que les choses sont vues avec plus de maturité, plus de distance. On réussit à avoir un regard un peu plus serein sur cette période.

Ce travail de mémoire se fait-il autant en Algérie qu'en France ?

Il se fait davantage en France qu'en Algérie. En Algérie, il y a beaucoup de travail fait au niveau de l'enseignement et de l'histoire de cette guerre, mais pas dans la même mesure. En France, on a la présence de tous les groupes porteurs de mémoire, ce qui n'est pas le cas en Algérie.

"En Algérie, on a une mémoire algéro-algérienne, car il y a très peu de Français qui vivent encore là-bas, c'est une mémoire portée, alors qu'en France on a une mémoire qui est pied-noir, de nationalistes algériens, de harkis."

Tramor Quemeneur, historien de la Guerre d'Algérie

à franceinfo

Toutes ces mémoires peuvent s'exprimer et c'est très bien que cela puisse se faire dans les écoles pour essayer de dénouer les a priori que les uns et les autres peuvent avoir.

Quelles sont, selon vous, les prochaines étapes dans ce travail de mémoire et de réconciliation ?

Je pense qu'il y a encore du travail à faire. Je pense qu'il faudra aller peut-être vers des choses plus importantes, des choses plus générales et plus globales d'excuses. Il faut surtout continuer ce travail très concret et terre-à-terre de transmission des mémoires avec la jeunesse pour que ces témoignages puissent continuer à avoir lieu. Il faut aussi avoir un lieu muséal de commémoration, de souvenirs de toute cette histoire franco-algérienne.

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