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Algérie : tous les voyants de l’économie sont au rouge selon le FMI

Les exportations d'or noir, qui représentent 60% du budget de l'État, ont baissé de 41% en 2020. A la crise politique risque de s’ajouter une crise économique et sociale.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et son premier ministre Abdelaziz Djerad lors d'une conférence consacrée à la relance de l'économie algérienne. Le 18 août 2020. (Billal Bensalem / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

Alors que le pouvoir algérien a essuyé une abstention record lors du référendum constitutionnel censé plébisciter le président Abdelmadjid Tebboune, les perspectives sur le front économique ne sont pas bonnes selon le Fonds monétaire international (FMI) qui prévoit une chute du PIB de 5,5% en 2020.

Les projections portant sur le déficit extérieur courant sont, elles aussi, peu rassurantes avec un solde négatif à -17% attendu cette année.
Ces mauvais chiffres ont déjà impacté l’avant-projet de loi de finances 2021 rendu public la fin octobre. Pour la première fois, le montant des recettes fiscales de l’Etat qui sont de l’ordre de 5328,1 milliards de dinars vont à peine couvrir les dépenses ordinaires de fonctionnement. 

Les revenus de l'exploitation du pétrole et du gaz sont en chute libre, en raison de l’effondrement de l’économie mondiale lié à la crise sanitaire.
Le dilemme est clair : pour un prix moyen de 50 dollars le baril de pétrole, les recettes d’exportation du pays ne couvrent que 75% des importations. Or les prix du pétrole oscillent ces derniers mois, plutôt autour des 42 dollars. Ce déficit de la balance commerciale doit alors être comblé par des réserves de change qui seront bientôt épuisées. 

Crise politique, économique et demain sociale ?

Après avoir voulu renforcer sa légitimité à travers un référendum constitutionnel largement boycotté, le président Abdelmajid Tebboune va devoir maintenant s’attaquer à des réformes douloureuses.

Le FMI ne cesse d’alerter sur les faiblesses de l’économie algérienne, aggravées par la pandémie mondiale. À l’instar du Venezuela ou de la Libye, le problème de fond reste la trop grande dépendance aux hydrocarbures, faute d'avoir développé une économie diversifiée.

Pour financer les investissements, le gouvernement algérien hésite à emprunter sur les marchés internationaux. Les autorités ne veulent pas retomber dans les mains du FMI avec une batterie de réformes structurelles et leurs lourdes conséquences sociales à la clef.
Le FMI pourrait en effet demander à l’Algérie de réduire fortement les emplois du secteur public, réduire les transferts sociaux et les subventions aux produits de base. 25% du budget (environ 13,5 milliards d'euros) sont consacrés chaque année aux subventions de nombreux produits de base, de l'énergie, des transports, aides aux logements, éducation et soins gratuits.

M. Tebboune a assuré préférer "emprunter auprès des citoyens plutôt qu’auprès du FMI ou de la Banque mondiale (BM)". Le recours à la planche à billets est pour le moment exclu pour "ne pas relancer l'inflation".

Décisions difficiles

Le pays étudie toutes les pistes qui peuvent lui permettre d'éviter de sombrer davantage. Le président Abdelmadjid Tebboune tente d'agir dans le cadre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) afin de faire remonter les prix du pétrole et a demandé une réévaluation de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne. Alger espère ainsi augmenter ses exportations de gaz vers le continent européen.

L’heure des décisions difficiles arrive pour le président algérien Abdelmadjid Tebboune, mais il semble que le mouvement populaire de contestation (Hirak) et la fragilité politique du régime le fasse hésiter. L'abstention massive lors du reférendum n'a rien arrangé. Et comme rien ne lui aura été épargné : le président Tebboune 74 ans, est hospitalisé depuis une semaine en Allemagne, contaminé par le coronavirus.

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