Assassinat de Larbi Ben M'hidi : "Il faudrait que la France reconnaisse les crimes qu'elle a pu commettre durant la guerre d'Algérie", déclare un historien
"Pour moi, en tant qu'historien, il s'agit d'une simple reconnaissance d'une réalité", déclare, vendredi 1er novembre, sur franceinfo Gilles Manceron, historien spécialiste de l'Algérie et du colonialisme français, en réaction au fait qu'Emmanuel Macron a reconnu que le dirigeant du Front de libération nationale (FLN), Larbi Ben M'hidi, avait été "assassiné par des militaires français".
Vendredi, le chef de l'Etat a reconnu, via un communiqué, que "Larbi Ben M'hidi, héros national pour l'Algérie et l'un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l'insurrection du 1er novembre 1954", avait été "assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses". Cette reconnaissance a eu lieu à l'occasion du 70e anniversaire de l'insurrection du 1er novembre 1954 qui ouvrit la guerre d'Algérie.
"Les historiens la savaient depuis longtemps"
Pour Gilles Manceron, cette reconnaissance ne doit pas être isolée : "Il faudrait que la France reconnaisse les crimes qu'elle a pu commettre durant cette période [la guerre d'Algérie]." "La France a une riche histoire, la phase coloniale de cette histoire a été marquée par des crimes", insiste l'historien.
Questionné sur ce que représentait Larbi Ben M'hidi, Gilles Manceron répond qu'il s'agissait de l'une des "principales figures des animateurs de la lutte du Front de libération nationale (FLN) algérienne, de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie". Il rappelle que "quelqu'un comme le colonel Bigeard [résistant dont le nom reste associé à la guerre d'Indochine et à celle d'Algérie] a dit qu'il avait été impressionné par son calme et son courage lorsqu'il était menacé d'exécution - ce qu'il a été - par l'armée française".
Gilles Manceron souligne que "les historiens le savaient depuis longtemps" et que "de nombreux témoignages ont été accumulés sur cette issue". Larbi Ben M'hidi "a été assassiné", rappelle l'historien, "alors que l'armée française et l'Etat français ont menti pendant plus de 60 ans en disant qu'il s'était suicidé". "C'est la fin d'un mensonge."
"Une simple reconnaissance de la réalité"
Gilles Manceron explique que "les historiens essayent d'établir la vérité". Il ne sait pas quel est "l'intérêt d'Emmanuel Macron de dire une vérité historique à un moment donné", mais il juge qu'il serait "normal que l'Etat français convienne des travaux des historiens et de ce qu'ils disent sur ces faits". "Peut-être que dans l'esprit d'Emmanuel Macron, ça se situe dans le cadre de la diplomatie au Maghreb qu'il noue avec le Maroc et l'Algérie. Mais pour moi, en tant qu'historien, il s'agit d'une simple reconnaissance d'une réalité", répète-t-il.
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