Crash du vol d'Air Algérie : Hollande en fait-il trop ?
En France, les drapeaux ont été mis en berne pour trois jours en signe de deuil. Pour le sociologue Denis Muzet, "les Français ne sont pas dupes de cette scénographie".
Quatre réunions en cinq jours à l'Elysée, des drapeaux mis en berne pour trois jours, un voyage officiel à La Réunion et à Mayotte annulé... Le chef de l'Etat a décidé de soigner sa communication après le crash du vol d'Air Algérie qui a coûté la vie à 118 passagers, dont 54 Français.
Pour le sociologue Denis Muzet, interrogé par RTL, François Hollande en fait trop. "Est-ce que, toute affaire cessante, on doit mobiliser l'entièreté de l'agenda politique pour cet événement, certes grave et important, mais qui ne justifie pas qu'on ne s'occupe que de cela à la tête de l'Etat ?, s'interroge-t-il. On peut comprendre cet hommage, il a son sens. Mais de là à faire tout ce qui est fait (...), que le président annule son voyage à la Réunion, à Mayotte et aux Comores au motif de cet accident est très étonnant."
Selon un journaliste du Parisien, la décision de reporter ce voyage dans l'océan Indien a été prise en raison de son caractère "trop décalé".
À l'Elysee, on déconseille fortement à #Hollande de partir pour la Réunion et Mayotte aujourd'hui : "trop décalé" après le crash du #AH5017
— eric hacquemand (@erichacquemand) July 24, 2014
"Je pense que les Français ne sont pas dupes de cette scénographie et, loin de crédibiliser la stature présidentielle, ce type de comportement participe au discrédit du politique. Ce que François Hollande risque d'obtenir, c'est d'être associé à la catastrophe", poursuit Denis Muzet.
Drapeaux en berne, mais pas de deuil national
L'éditorialiste de Sud-Ouest Bruno Dive s'étonne, lui aussi, de ce soudain accès d'émotion chez un président maintes fois dépeint comme "un être froid et sans affect". "Sans rentrer dans une comptabilité macabre, d’autres accidents d’avion ont par le passé fait plus de victimes encore parmi nos compatriotes que celui d’Air Algérie. Faudra-t-il dès lors mettre les drapeaux en berne et multiplier les minutes de silence chaque fois qu’un avion s’abîmera en mer ou s’écrasera dans le désert, et que trop de nos compatriotes se seront trouvés à bord ?", se demande le journaliste.
Pour autant, François Hollande n'a pas décrété de deuil national (ce qui aurait nécessité une délibération en Conseil des ministres). "Dans le cas d’un deuil national, les administrations sont fermées. Là, ce ne sera pas le cas. Parlons plutôt de trois journées de deuil au niveau national pour marquer le soutien de la nation", a expliqué l'Elysée à Rue 89.
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