Algérie : Saïd Bouteflika, influent frère du président déchu, arrêté et incarcéré pour "complot contre l'autorité de l'Etat"
Deux anciens responsables du renseignement ont également été placés en détention.
La chasse au "système" Bouteflika se poursuit, en Algérie. Saïd Bouteflika, frère et puissant ex-conseiller du président algérien déchu, a été arrêté samedi et incarcéré dimanche 5 mai, selon une source sécuritaire citée par l'AFP. Deux anciens hauts responsables du renseignement ont aussi été placés en détention : le général Mohamed Mediène dit "Toufik", patron des services secrets d'Algérie durant vingt-cinq ans, et l'ex-coordinateur des services de renseignements Athmane Tartag, alias "Bachir". Les trois hommes, arrêtés samedi, sont poursuivis pour "atteinte à l'autorité de l'armée" et "complot contre l'autorité de l'Etat", a précisé le parquet dans un communiqué lu à la télévision d'Etat.
Saïd Bouteflika, 61 ans, était considéré comme le véritable homme fort du palais présidentiel depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime son frère en avril 2013. A ce titre, il est l'une des figures honnies des manifestants algériens, qui réclament la fin du système Bouteflika depuis le 22 février. Après la démission d'Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, les protestataires continuent de réclamer le départ de tout son entourage.
La crainte d'une "purge"
Homme fort du pays depuis qu'il a lâché l'ex-président, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, entretient des relations houleuses avec le général Mediène. Mi-avril, il l'avait accusé publiquement de "conspirer" pour entraver les solutions de sortie de crise. Le général Tartag semblait avoir aussi été visé indirectement par des accusations du chef d'état-major qui avait dénoncé une réunion entre des "individus connus (...) en vue de mener une campagne médiatique virulente contre l'armée". Selon la presse, cette rencontre avait réuni le général Mediène, le général Tartag et Saïd Bouteflika.
Plusieurs personnalités proches du régime Bouteflika ont été entendues ou arrêtées ces dernières semaines. Cinq puissants et richissimes hommes d'affaires, dont quatre proches d'Abdelaziz Bouteflika et de son frère, ont été placés en détention provisoire. Le parquet d'Alger a aussi entendu Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995. Le général Gaïd Salah a récemment appelé la justice à "accélérer la cadence" des enquêtes, une demande assimilée à une "injonction" par ses détracteurs. Certains observateurs craignent que, tout en étant une réponse à la contestation qui dénonce les liens entre le pouvoir et les "oligarques", ces enquêtes servent de levier à une "purge" interne.
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