"Vendredi de la contestation" en Algérie : "Bouteflika est lâché par tout le monde"
La majorité se fissure et lâche le président Abdelaziz Bouteflika. Les ténors de l’Alliance présidentielle ont changé de stratégie et se disent solidaires des manifestants. Une volte-face moquée par les opposants au régime.
"Nous sommes avec les manifestants", "Il faut satisfaire les revendications du mouvement populaire dans les plus brefs délais", "Nous soutenons le peuple"... les ténors de l’Alliance présidentielle, composée de trois partis notamment (FLN, RND et TAJ), ont radicalement changé de discours. Et, signe d’irréversibilité de la contestation, ils ne font plus mention du président algérien Abdelaziz Bouteflika, qu’ils nommaient il y a peu Fakhamatouhou, Son Excellence.
"Sauve qui peut. Les partis et les organisations de masse qui bombaient le torse il y a seulement quelques semaines, en narguant ostensiblement tous ceux qui s’opposaient à leurs options, se cherchent désormais des portes de sortie. Le clan s’effrite et les retournements de veste se font à la vitesse de l’éclair", se moque le quotidien El Watan.
"Bouteflika, envoyé de Dieu"
Le retournement le plus spectaculaire est venu du parti majoritaire, le Front de libération national (FLN). "En 1999, Allah a envoyé le président Abdelaziz Bouteflika pour réformer la nation algérienne", avait déclaré fin février Mouad Bouchareb, Secrétaire général du parti, en qualifiant les manifestants de rêveurs. Avant de rejoindre le mouvement populaire, tout en défendant la feuille de route proposée par le chef de l’Etat. Or, les manifestants rejettent tous ces initiatives et réclament le départ du président algérien et celui de "tout le système".
Bouteflika est en train de perdre la main et chacun essaye de sauver les meubles. Il n'a plus de base, le peuple l'a lâché. Tout le monde le lâche
Rachid Grim, enseignant en Sciences politiques à Algerà l'AFP
Les personnalités civiles et politiques ne se bousculent pas pour entrer dans le gouvernement d’union nationale. Annoncé pour le début de cette semaine par le nouveau Premier ministre, Nourredine Bedoui, il n’est toujours pas formé. Selon Maghreb émergent, 300 personnes auraient "poliment" refusé d'y participer. Et la contestation inédite ne semble pas faiblir. Elle s’amplifie, au contraire, au fil des semaines.
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