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Le photographe Romain Laurendeau remporte le Prix Spécial AFD pour «Sidi Moussa»
Publié le 17/12/2014 09:29
Mis à jour le 17/12/2014 09:30
Temps de lecture : 1min
Après «La Clôture de la honte» (Inde / Bangladesh) de Gaël Turine en 2013, cette année le Prix Spécial AFD du Meilleur Reportage Photo a été attribué le 16 décembre 2014 à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) à Romain Laurendeau pour son reportage «Sidi Moussa», un village algérien.
Romain Laurendeau raconte l'histoire de ce village, symbole d'une Algérie qui souffre et va à la rencontre de sa jeunesse désœuvrée, laquelle entre chômage et ennui essaye de garder l’espoir d'un avenir meilleur.
Le photographe s’était déjà fait remarquer en 2013 en reportant le Prix Zoom de la Presse Photo et le Prix Zoom du Public au Salon de la Photo pour un reportage en noir et blanc sur le quotidien des chercheurs d'or au Sénégal .
«seigneur moïse» en arabe, vu de l’école du petit village de Ouled Alla est situé à 30km d'Alger. Dans les années 70, ce petit paradis allait devenir le fleuron du socialisme algérien grâce à son industrialisation. A son apogée, les différentes usines employaient jusqu'à 10.000 salariés. Aujourd’hui, des impacts de balles sont visibles sur les murs des maisons. (Romain Laurendeau)
Mais dans les années 80, les usines ont fermé. Abandonnés par l'Etat, de nombreux chômeurs ont rejoint les islamistes pendant la décennie noire des années 90. Aujourd’hui, personne ne s'occupe de ces immeubles se trouvant dans un état de délabrement avancé.
(Romain Laurendeau)
La présence de salafistes, anciens terroristes ou non, accentue la méfiance de la population et contribue au malaise général.
La plupart des drapeaux ont été peints en 2009, lors de la campagne de qualification pour le Mondial de football 2010.
(Romain Laurendeau)
se retrouvent au «QG» de la citée Capitaine Saad. Ils parlent de foot, de film, de «bling-bling» ou de voiture pendant des heures. (Romain Laurendeau)
C'est le résultat direct du traumatisme de la décennie noire. La plupart ont échappé à la mort ou ont vu leurs proches mourir sous leurs yeux. Il y a trop peu d'asiles pour pouvoir les prendre en charge. (Romain Laurendeau)
a été attribué aux enseignants de la commune dans les années 70. Tous ont subi des menaces de mort lors de la guerre civile et certains ont été assassinés. Ils y habitent toujours, même si maintenant, beaucoup sont à la retraite. (Romain Laurendeau)
fait des petits travaux dans la maison de son frère. Il ne parle que de fêtes et d’ecstasy. (Romain Laurendeau)
est le seul café où les jeunes peuvent s’asseoir sans que le propriétaire ne leur fasse signe de commander s’ils veulent rester. Ils se retrouvent sans travail, vivant au jour le jour, prisonniers d'une histoire qu'ils n'ont pas vécue mais qui régit leur vie. (Romain Laurendeau)
qui fut autrefois la Société nationale de vente de semoule et farine. Un camion piégé a soufflé l’édifice en 1997. A l’époque, la bombe a laissé un cratère de vingt mètres de diamètre pour trois de profondeur. (Romain Laurendeau)
de la Cité Bougara 2 portent encore les impacts de la bombe qui a détruit la Société nationale de vente de semoule et farine. (Romain Laurendeau)
les jeunes de la cité se rencontrent pour tuer le temps. Ce lieu est assez caché pour qu'ils ne soient pas dérangés. On peut lire «pa 2 tahlab» qui signifie : «Vous ne saurez jamais qui je suis ou ce que je fais.»
(Romain Laurendeau)
Il y en a un chaque soir et dans chaque cité. C'est le football qui rythme la vie des jeunes, joueurs ou spectateurs. Au mur, des tags de nom de clubs et «SM Connection» pour Sidi Moussa Connection, un groupe de rap du village du début des années 2000 disparu aujourd'hui. (Romain Laurendeau)
Ses 106 logements ont été distribués aux victimes du terrorisme en 2006. C'est la seule cité entourée d'un mur pour, officiellement, des questions de sécurité. Il sert surtout aux autorités à surveiller plus aisément ses habitants. (Romain Laurendeau)
Le 3e a eu lieu en plein cours, poussant l'armée à occuper les lieux jusqu'à la fin de la guerre. (Romain Laurendeau)
petit village qui touche Sidi Moussa. Ils y étaient tellement bien implantés que l'armée a décidé de raser le village. Aujourd'hui, il ne reste que des gravas. Ici, l’intérieur d'un container témoin de cette guerre. (Romain Laurendeau)
d’Ouled Alla est à moitié reconstruite. (Romain Laurendeau)
(tuant le temps comme ils le peuvent, certains boivent, d'autre fument du haschich.)
dans la pénombre, ces deux jeunes jouent aux dominos parmi les déchets du marché voisin. C'est l'envie de se couper, d’être tranquille, qui les a poussés ici. (Romain Laurendeau)
est commercial dans une entreprise turque. Cultivé et curieux, il est partagé entre révolte et résignation. (Romain Laurendeau)
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