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Seul le drapeau algérien sera toléré dans les manifestations : "Gaïd Salah joue avec le feu"

Sans désigner explicitement le drapeau berbère, le chef de l'état-major, Gaïd Salah, a ordonné aux forces de l'ordre de s'assurer qu'aucun autre drapeau que "l'emblème national" ne sera brandi dans les manifestations en Algérie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les manifestants algériens agitent des drapeaux nationaux lors d'une manifestation antigouvernementale devant le Grande-Poste à Alger, le 24 mai 2019. (RYAD KRAMDI / AFP)

Véritable homme fort du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah, s'est exprimé mercredi 19 juin pour la troisième fois en trois jours, dénonçant "la tentative d'infiltrer les marches et de porter d'autres emblèmes que notre emblème national par une infime minorité".

Des "instructions strictes ont été données aux forces de l'ordre pour une application rigoureuse des lois (...) et pour faire face à quiconque tente encore une fois d'affecter les sentiments des Algériens à propos de ce sujet sensible et délicat", a-t-il poursuivi sans préciser les mesures envisagées.

Drapeau berbère (amazigh)

S'il n'a pas explicitement désigné l'emblème mis en cause, le chef d'état-major semble clairement faire référence au drapeau amazigh (berbère), constitué de trois bandes horizontales bleue, jaune et verte et frappé en son centre de la lettre Yaz de l'alphabet tifinagh (berbère). Ce drapeau figure en bonne place aux côtés des couleurs nationales dans les manifestations qui réclament depuis le 22 février un changement de régime.

L'identité amazighe est un sujet sensible en Algérie, où un quart de la population, soit 10 millions de personnes, est berbérophone. Concentrés majoritairement dans la région de Kabylie (nord), les Berbères sont également présents dans le centre, l'est et le grand sud.

Printemps noir 

Les nombreuses revendications, notamment culturelles et linguistiques, liées à l'identité amazighe, ont été longtemps niées, voire réprimées, par l'Etat algérien qui s'est construit autour de l'arabité.

Le tamazight n'a été reconnu langue nationale qu'en 2002, près d'un an après de sanglantes émeutes en Kabylie ("Printemps noir", 126 morts), avant d'être consacré langue officielle au côté de l'arabe dans la Constitution adoptée en 2016.

"Jeu dangereux"

Pour la presse algérienne, cette mesure peut s'avérer dangereuse. Pour HuffPost, l’homme fort du pays "joue avec le feu". "Ahmed Gaïd Salah a chargé mercredi 19 juin les manifestants qui brandissent le drapeau berbère, les accusant de vouloir 'infiltrer les manifestations'".

Le quotidien gouvernemental El Moudjahid, lui, vole au secours du chef de l'état-major. Il accuse, sans les nommer, ceux qui "tentent de diviser, notamment en introduisant des slogans d’ordre identitaire ou en se focalisant sur des questions secondaires". 

Ahmed Gaïd Salah ne peut pas gérer l'Algérie comme une caserne, il ne peut pas empêcher les Algériens de s'exprimer librement

Salah Dabouz, avocat

à l'AFP

Réseaux sociaux en ébullition 

La Toile n'a pas manqué de s'enflammer dès l'annonce. Les internautes, très partagés, craignent la division du mouvement.

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