"Solar 1000 MW" : le nouveau projet d'électricité solaire de l'Algérie
L'appel d'offre vient d'être lancé et les candidats retenus seront connus au cours de l'année 2022. L'objectif est de produire 1000 MW d'électricité sur onze sites.
Enfin, serait-on tenté de dire ! Annoncé fin 2020, l’appel d’offre pour la construction de centrales photovoltaïques en Algérie dans le cadre du plan "Solar 1000 MW" a été publié. L'ouverture des plis des offres aura lieu le 30 avril 2022.
Un ambitieux projet
C’est un projet qui vise à installer des centrales solaires plus ou moins importantes afin d’obtenir, à l’horizon 2035, une production électrique de 15 000 MW. Des centrales seront réparties sur le territoire national en lots de 50 MW pour les plus petites à 300 MW pour les plus grandes. Onze sites d’installation ont été retenus, entre autres Ghardaïa, Ouargla, Béchar. C’est la Société algérienne des énergies renouvelables qui les attribuera aux candidats sélectionnés lors de l’appel d’offre.
Une ressource sous-exploitée
Malgré l’énorme potentiel du Sud algérien qui dispose d’un ensoleillement annuel de 3 000 heures en moyenne, le solaire ne représente que 3% de la production électrique du pays. Celle-ci est largement dévolue aux énergies fossiles – et en particulier au gaz – qui assurent 97% de la production. Mais pour répondre à une demande d’électricité en constante augmentation (+7% par an depuis 2010) et face à l’épuisement à terme de la ressource fossile, l’Algérie se devait de trouver une nouvelle ressource.
Appel d'offre international
Alors que le pouvoir est toujours très suspicieux vis-à-vis de l’étranger, cette fois le projet est ouvert aux investissements étrangers. La garantie bancaire réclamée aux candidats non algériens s’élève à un demi-million de dollars, une somme à la hauteur des investissements qu’impose la production d’électricité solaire.
Il faut de l’argent, il faut aussi une expertise dans le domaine dont ne dispose pas à grande échelle l’Algérie. En ce sens, l’appel d’offre est sans ambiguïté, il n’y a aucune place pour l’amateurisme. Le candidat doit justifier "de références avérées dans le développement et le montage de projets de centrales de production indépendante d’électricité de sources renouvelables".
De précédents échecs
L’Algérie avait déjà lancé en 2011 le Programme national de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (PNEREE). Le projet voyait grand : 22 gigawatts de production dont la moitié destinée à l’export à l’horizon 2030. Près de la moitié de la production électrique devait être assurée par le solaire. En fait, seules trois centrales ont été construites, n’atteignant même pas une puissance cumulée de 40 MW.
Il y eut également le projet Desertec, en collaboration avec l’Allemagne. Ce projet international envisageait d’installer des dizaines de centrales solaires dans les déserts d’Afrique du Nord et du Proche-Orient et d’exporter l’électricité vers l’Europe. Mais le coût faramineux du projet, estimé à 450 milliards de dollars, dont 50 pour le seul transport de l’électricité, a vite fait de calmer les esprits. Aujourd’hui, si la fondation Desertec existe toujours, elle semble en sommeil.
Selon Boukhalfa Yaici, un acteur de la filière solaire cité par TSA, les conditions sont enfin réunies en Algérie pour développer le secteur. "En juin 2020, il y a eu la mise en place d’un ministère dédié à la transition énergétique et aux énergies renouvelables. Cela a été le premier acte politique qui a permis de donner un signal important."
Cette fois, il s’agit pour Alger de réussir ce plan. Pour répondre à la consommation électrique, mais aussi pour rattraper son retard avec le voisin marocain, champion africain de l’énergie solaire.
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