L'Angola aura des difficultés à se débarrasser de ses mines d'ici à 2025
Un million de mines antipersonnel ont été enfouies dans le sol angolais pendant la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 2002.
L'Angola ne pourra probablement pas respecter son engagement de se débarrasser, d'ici à 2025, du million de mines antipersonnel enfouies pendant la guerre civile (1975-2002), faute de moyens suffisants, a annoncé le responsable de la Commission intersectorielle nationale sur le déminage et l'assistance humanitaire (CNIDAH), l'entité angolaise chargée des efforts de déminage. Adriano Gonçalves a fait ce constat le 28 septembre 2019 devant la presse à l'issue de la visite du prince Harry.
La veille, celui qui est le sixième dans l'ordre de succession au trône d'Angleterre avait marché dans les pas de sa mère Diana, très engagée dans la lutte pour l'éradication des mines. Il a notamment visité à Huambo (centre-ouest), la seconde ville d'Angola, une rue anciennement minée où la princesse de Galles s'était rendue peu avant sa mort en 1997.
"L'Angola a encore plus d'un millier de champs de mines à nettoyer, mais a perdu environ 90% de son financement international pour lutter contre ce fléau, a pour sa part déploré Adriano Gonçalves. Cela rend plus difficile de tenir l'objectif de libérer le pays de ces engins en 2025 au plus tard."
L'Angola, l'un des pays du monde les plus touchés par le phénomène, est signataire de la convention d'Ottawa (1997). Laquelle vise à l'éradication totale des mines antipersonnel.
Outre le recul des fonds étrangers qui "ont de nombreuses autres priorités", l'Etat angolais a réduit lui aussi ses financements à cause de la chute des prix du pétrole en 2014, a noté le chef du CNIDAH. "Nous aimerions que (le déminage) se fasse plus rapidement et avec plus d'intensité, mais c'est difficile", a-t-il poursuivi. L'Angola est avec le Nigeria le principal producteur d'or noir d'Afrique subsaharienne.
Des dizaines de milliers de victimes
Selon Adriano Gonçalves, l'Angola estime aujourd'hui entre 40 000 à 60 000 le nombre de ses citoyens blessés par des mines. De son côté, le Programme de l'ONU pour le développement (PNUD) parle de "80 000 Angolais (...) mutilés ou tués". Sur les 3000 champs tapissés de ces engins explosifs recensés à la fin de la guerre civile en 2002 dans tout l'Angola, plus de 1200 doivent encore être nettoyés, selon la CNIDAH.
Entre 2008 et 2012, 87 000 ha ont été déminés, rapporte le PNUD. Un plan quinquennal de déminage, qui s'est achevé en 2011, avait alors été financé par l'Italie, le Japon, la Suède et le PNUD. Dans ce cadre, "plus de 297 000 mines antipersonnel, 9508 mines anti-char et 491 767 autres pièces de munitions non explosées, comme des obus d’artillerie ou de mortier, des roquettes ou des bombes", avaient été retirés.
Le Mozambique "libéré de cette menace"
Au Mozambique, une ancienne colonie portugaise comme l'Angola ravagée par les mines antipersonnel (dans les années 1990), on considère que le pays est désormais "libéré de cette menace". Les engins avaient été déposés pendant la guerre d'indépendance entre 1965 et 1974, puis pendant la guerre civile entre 1976 et 1992. Le déminage, financé grâce à une aide étrangère, avait été entrepris dès 1993. "Armés de détecteurs de métaux, de bulldozers, de chiens et parfois des rats géants de l’ONG belge Apopo – réputés pour leur odorat surpuissant –, les démineurs ont accompli un travail titanesque qui demande méticulosité, courage et patience", racontait Le Monde deux ans plus tard.
"Il ne serait pas réaliste d’affirmer qu’il n’y aura plus jamais d’accidents liés aux mines ou à d’autres engins explosifs au Mozambique. L'histoire montre le contraire", expliquait alors le ministre mozambicain des Affaires étrangères. Au début des années 1990, on recensait dans le pays plusieurs dizaines de victimes par an, "et 13 encore en 2013", rapporte Le Monde.
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