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L’équipe de football féminine de Zambie a "deux hommes" dans son effectif, accuse l’entraîneur du Cameroun

Des femmes jugées trop masculines... L’hyperandrogénie est au cœur d’une nouvelle polémique dans le sport, cette fois dans le monde du football féminin.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'équipe du Cameroun, ici, lors de leur match contre l'Angleterre en 16ème de finale de la Coupe du monde féminine de football en France, le 23 juin 2019. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Selon le site d’information Cameroon-info.net, la sélection camerounaise soupçonne la Zambie d’avoir "deux hommes" dans son effectif. En l’occurrence, il s’agit de la capitaine, Barbara Banda, et de l’attaquante Rachel Nachula.

En phase qualificative pour les Jeux olympiques de Tokyo le 5 mars 2020, les Lionnes indomptables du Cameroun ont eu toutes les peines du monde, chez elles à Yaoundé, à battre les Copper Queens sur le score de 3 buts à 2. Le match retour, le 10 mars à Lusaka, s’annonce particulièrement délicat pour les Camerounaises.

"Les garçons qui sont dans cette équipe"

Or selon Cameroon-info, la fédération de football a émis des réserves quant à la sélection des deux femmes au sein de l’équipe zambienne. Selon le site internet Le Jour, à l’issue du match, l’entraîneur des Lionnes, Alain Djeumfa, a accusé l’adversaire "d’avoir utilisé des éléments irréguliers".

"La différence s’est faite aussi avec les garçons qui sont dans cette équipe, il ne faut pas se le cacher", a déclaré l’entraîneur. Et le coach de citer les noms de Barbara Banda et Rachel Nachula, auteure d’un doublé ce soir-là. Et d’enfoncer le clou : "Ils nous ont créés beaucoup de problèmes, parce qu’ils sont plus garçons que femmes."

L'entraineur camerounais Alain Djeumfa lors de la coupe du monde féminine de football en France en 2019. (DENIS CHARLET / AFP)

Des propos d’une rare élégance qui ne semblent choquer personne, et surtout pas les responsables du football camerounais. Sans apporter le moindre élément de preuve, ne s’appuyant que sur son impression, l’entraîneur des Lionnes indomptables laisse ainsi planer un soupçon d’hyperandrogénie, en espérant sans doute que les instances internationales s’intéressent à ces deux femmes. "Eléments irréguliers", dit Alain Djeumfa, cela sous-entend à ses yeux, triche et donc sanctions.

L'ombre de Caster Semenya

Et l'on se remémore là le cas d’une autre sportive, la Sud-Africaine Caster Semenya, double championne olympique et triple championne du monde du 800 m. La Fédération internationale d’athlétisme lui impose désormais d’abaisser son taux de testostérone pour participer aux épreuves. L’athlète a fait appel de cette décision, qui, après l’avoir privée du Championnat du monde à Doha en 2019, lui barre la route des J.O. de Tokyo.

Le débat sur l'hyperandrogénie et l'attitude à adopter ne sont pas tranchés. Certains, comme Sebastian Coe, le patron de l’athlétisme mondial, parlent d’éthique sportive. "Les règlements que nous introduisons sont là pour protéger le caractère sacré d'une concurrence loyale et ouverte". D’autres parlent de sexisme, "son don génétique devrait être célébré, pas faire l’objet de discrimination", estiment les avocats de Caster Semenya.

8 buts en un match

Un débat qui désormais semble pointer son nez dans le football. Pourtant, les deux femmes stigmatisées par l’entraîneur camerounais n’étaient jusque-là citées que pour leur talent. "Nachula a le potentiel pour devenir la meilleure footballeuse d’Afrique", explique le site Zambian Football. Elle venait de marquer 8 des 15 buts des Copper Queens contre la modeste équipe de l’île Maurice. Quant à Barbara Banda, elle évolue en Espagne, ou personne, pour le moment, ne s’interroge sur ses capacités.

A croire que l’entraîneur camerounais craint tellement la défaite, qu’il prépare des circonstances atténuantes.

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