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Centrafrique : des dizaines de civils tués à Ndélé, au nord du pays

Des affrontements intercommunautaires se multiplient dans un pays gangréné par les groupes armés.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une vue du camp improvisé dans le village de Bangassou où 2000 réfugiés ont vécu durant trois ans. (CAMILLE LAFFONT / AFP)

La Centrafrique replonge dans la violence. En janvier 2020, des affrontements intercommunautaires avaient touché l'est du pays, plus précisément la ville de Bria. Bilan, sans doute une cinquantaine de morts. Cette fois, c'est au nord, près de la frontière avec le Tchad, que le pays s'enflamme. A Ndélé, la situation est particulièrement confuse. Selon RFI, le 6 mars 2020 déjà, des affrontements ont eu lieu entre soldats du même camp, à savoir le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), un des 14 groupes armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement. L’assassinat d'un colonel, sur fond de différend intercommunautaire, a mis le feu aux poudres.

Au moins quarante morts

Des échanges de tirs nourris ont fait fuir la population qui s'est regroupée autour du camp des Casques bleus de la Minusca. Plusieurs centaines de personnes campaient là, y compris le préfet de la région, le commandant Amine Al-Mahad, qui a dû être exfiltré après l'attaque de sa résidence. Le bilan humain de cette première escarmouche n'a pas été établi.

Le calme semblait revenu quand, le 11 mars, les affrontements ont repris. Et cette fois, ils ont été meurtriers. "Des sources locales m’ont parlé de 40 morts, peut-être il y en a plus", a déclaré le préfet à l'agence de presse turque Anadolu Agency. Il est toujours réfugié au camp de la Minusca, parmi des centaines de ses concitoyens. Le commissariat de police, la gendarmerie, une partie du marché de Ndélé et de nombreuses maisons ont également été incendiés, selon le président de la Croix-Rouge centrafricaine à Bangui, Antoine Mbao-Bogo. Les blessés se comptent par dizaines et les victimes sont essentiellement civiles.

Sous la protection des Casques bleus

Le déploiement des forces onusiennes a permis un retour au calme, mais la situation reste très tendue et ils sont désormais 3 000 habitants a avoir quitté leur domicile pour se placer sous la protection de la Minusca.

Impossible aussi de connaître le sort de ceux qui ont fui dans la brousse. Les humanitaires de l'ONU – ils sont près de 140  sont bloqués dans leur campement car la situation est trop dangereuse pour pouvoir sortir afin d'établir un bilan des combats.

De représailles en représailles, les deux communautés Goula et Rounga s'affrontent. Du reste, selon RFI, la Minusca attribue ces attaques à la "branche" Goula du FPRC, sans que pour l'heure on connaisse les raisons précises de ces affrontements. Déjà en juin 2018, la ville de Ndélé avait été le théâtre de combats qui avaient provoqué la mort d'une vingtaine de personnes dont des civils. A l'époque, c'est l'arrestation de voleurs de bétail par des hommes du FPRC qui avait provoqué ces heurts quand des complices bien armés ont voulu libérer les voleurs.

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