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Centrafrique : l'opération de désarmement commence, les violences se poursuivent

Les soldats français de l'opération Sangaris ont entrepris le désarmement des miliciens musulmans et chrétiens à Bangui, la capitale centrafricaine.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un homme s'en prend à un milicien présumé de l'ex-Séléka, arrêté par des soldats français, le 9 décembre 2013 à Bangui (Centrafrique). (FRED DUFOUR / AFP)

Les soldats français ont entamé le désarmement des milices et des groupes armés, lundi 9 décembre à Bangui, la capitale centrafricaine, où des affrontements ont fait près de 400 morts depuis jeudi. Un travail crucial mais délicat pour rétablir l'ordre en Centrafrique.

Qui sont les groupes visés par cette opération ?

L'opération de désarmement vise expressément les combattants de l'ex-Séléka, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois - pillages, exécutions sommaires - sur la population. Ils sont haïs par les habitants de la capitale, qui les voient le plus souvent comme des occupants venus du Tchad et du Soudan voisins.

Ces ex-Séléka - majoritairement musulmans - sont les seuls à déambuler en armes dans la capitale, face aux milices d'autodéfense villageoises "anti-balaka" (anti-machettes), présentes en brousse ou infiltrées dans les quartiers.

Désarmement des milices en cours en Centrafrique (MARTINE LAROCHE-JOUBERT - NICOLAS AUER - NIELS MONTEL / FRANCE 2)

Comment se déroule le désarmement sur le terrain ?

Il y a quelques jours, ces hommes armés étaient partout dans Bangui, déambulant à pied ou sillonnant les rues à bord de pick-up bondés. Lundi, ils étaient presque invisibles dans les rues. Certains ont abandonné l'uniforme pendant la nuit. D'autres, privés de leurs armes, affichent une mine défaite, comme le montre cette photo, publiée sur Twitter par un producteur de la chaîne arabe Al Jazeera présent sur place. 

L'état-major des armées françaises, qui a annoncé le lancement de l'opération lundi, affirme que "les choses se passent plutôt bien". "Sur certains points, les groupes armés ont décroché et sont rentrés dans leurs casernes, sur d'autres, ils ont déposé les armes", a précisé, depuis Paris, le porte-parole de l'état-major, le colonel Gilles Jaron.

Un bref échange de tirs a cependant éclaté en fin de matinée, près de l'aéroport de Bangui, entre ex-Séléka et militaires français. Le porte-parole en a minimisé la portée. "Il s'agit d'un incident insignifiant qui a duré moins d'une dizaine de minutes", a-t-il assuré. "Il y a eu un tir et une riposte" et les soldats n'ont ensuite "rien retrouvé".

Quelle est la principale difficulté ? 

Si les armes ne se voient plus, beaucoup de miliciens sont toujours dissimulés dans la ville. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a reconnu que l'opération s'annonce complexe. "La difficulté, c'est que beaucoup d'ex-Séléka ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (...) et il est difficile de reconnaître les individus (...). On va donc aller au contact et si ce n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée", a-t-il prévenu, lundi, au micro de France Inter.

Comment réagit la population ?

L'offensive des milices anti-balaka et les représailles sanglantes de l'ex-Séléka ont fait, depuis jeudi, près de 400 morts. Après ces journées d'horreur, certains habitants de Bangui n'hésitent pas à se venger des exactions subies. Les journalistes présents place, notamment le journaliste de France 2 Nicolas Bertrand, décrivent ces scènes de violences : des chrétiens traquant dans les rues de Bangui des musulmans soupçonnés d'exactions.

 

 

 

Lundi, l'odeur insoutenable de cadavres en décomposition persiste toujours dans certains quartiers. La Croix-Rouge locale n'a pas encore pu y ramasser les corps.

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