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Côte d'Ivoire: le noma, une maladie qui défigure les enfants et les exclut
Le noma est une maladie bactérienne foudroyante qui s'attaque surtout aux enfants de moins de six ans. Appelée aussi «gangrène de la bouche», elle touche environ 500.000 cas dans le monde et sévit principalement sur le continent africain. Une équipe de bénévoles de l'association ivoirienne Sourire un jour, opère ces jeunes qui sont défigurés et victimes d'exclusion.
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A la clinique de La Rochelle, les patients reprennent confiance. Flora Doumé a quitté Danané (ouest) pour être hospitalisée dans cette clinique privée d'Abidjan avec l'espoir de sortir du cauchemar qui la hante depuis tant d'années. Elle, que la maladie a privée d'école et qui «reste enfermée à cause de ça...». «Je ne sais ni lire ni écrire, je ne peux pas travailler », avoue-t-elle.
«Flora a pleuré quand le docteur lui a dit qu'on allait l'opérer et que c'était une ''belle jeune fille'', qu'on allait l'aider. C'était la première fois de sa vie qu'on lui faisait un compliment», raconte Tieu Huberson, un des accompagnateurs, lui-même aveugle, qui préside l'association des handicapés de la région de Danané, frontalière avec le Liberia.
«Flora a pleuré quand le docteur lui a dit qu'on allait l'opérer et que c'était une ''belle jeune fille'', qu'on allait l'aider. C'était la première fois de sa vie qu'on lui faisait un compliment», raconte Tieu Huberson, un des accompagnateurs, lui-même aveugle, qui préside l'association des handicapés de la région de Danané, frontalière avec le Liberia.
L'équipe de Sourire un jour a vu, en octobre 2017, plus de 100 patients et en a opéré une cinquantaine. Certains devront être opérés plusieurs fois. L'association prend en charge les frais opératoires, de nourriture et de transport pour ces malades qui n'ont pas les moyens de s'offrir une intervention chirugicale.
Santé/Le Noma, cette autre pandémie qui fait rage - https://t.co/IZBPFG6Plq pic.twitter.com/Jv4HfTducM
— Afrique matin (@afriquematin2) October 23, 2017
Le noma, terme qui vient du mot grec «nomain» (dévorer), s'attaque en quelques semaines aux muqueuses, aux os et à la peau, laissant aux survivants des trous ou des excroissances qui déforment leur visage, explique Angel Emparanza, chirurgien espagnol. Ce spécialiste de la réparation maxilo-faciale affirme que c'est «une maladie de la pauvreté, de la malnutrition, de gens qui vivent dans des conditions d'hygiène défaillantes».
Ce chirurgien, qui se rend régulièrement et bénévolement en Afrique depuis 2003 pour opérer au Nigeria, au Kenya, en Côte d'Ivoire ou au Burkina Faso, précise que les premiers symptômes du noma prennent la forme d'aphtes et de saignements dans la bouche de personnes dont le système immunitaire est affaibli.
Répercussions sociales
Dans une salle de réveil, Herman Goué, 19 ans, originaire de Danané comme Flora, se réveille après une greffe du visage. Il a encore du mal à sourire, mais confie son soulagement et sa hâte de pouvoir se «regarder dans la glace». Opéré à son tour, Flora a elle aussi découvert son nouveau visage. «Je suis heureuse, je vais pouvoir avoir un mari et des enfants.»
«Le noma a des répercussions sociales importantes», reconnaît le professeur de médecine ivoirien Guy Varango. «C'est une maladie, mais dans les villages on peut y voir des diableries, de la sorcellerie. On exclut les gens qui en sont atteints».
Des portraits poignants d'enfants malades, en Ethiopie, avaient valu à son auteure Mylène Zizzo, en 2013, d'être exposée au festival «Visa pour l’image» de Perpignan.
«Le noma a des répercussions sociales importantes», reconnaît le professeur de médecine ivoirien Guy Varango. «C'est une maladie, mais dans les villages on peut y voir des diableries, de la sorcellerie. On exclut les gens qui en sont atteints».
Des portraits poignants d'enfants malades, en Ethiopie, avaient valu à son auteure Mylène Zizzo, en 2013, d'être exposée au festival «Visa pour l’image» de Perpignan.
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