L'Université virtuelle de Côte d'Ivoire : une volonté d'ouvrir la fac à tous les habitants
La première promo de licence de l'UVCI sort en 2019. Un grand pas pour l'université de Côte d'Ivoire.
Pour saisir l’enjeu de l’enseignement à distance pour l’enseignement supérieur ivoirien, il faut avoir à l’esprit deux chiffres concernant l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. 70 000 étudiants fréquentent le campus, alors que la capacité d’accueil n’est que de 30 000.
En septembre 2018, le pays ne comptait que huit universités, dont cinq publiques. En 2013, elles ont toutes adopté le système LMD (licence master doctorat), afin de se rapprocher du standard international en matière d’enseignement supérieur. Un premier pas. Sachant qu'aucune de ses universités n’est classée dans le top 100 africain. Malgré le plan de 100 milliards de francs CFA, la Côte d’Ivoire reste à la traîne. L’enseignement supérieur y souffre d’un manque de moyens manifeste. Les infrastructures ne répondent plus à la demande, vu le nombre d’étudiants. Et le matériel pédagogique se fait rare, tout comme les enseignants.
Université au bord de l'explosion
Aussi, l’université virtuelle est un maillon essentiel pour répondre au défi de la formation. Ses débuts ont été difficiles, raillés par beaucoup qui y voyaient une formation au rabais. "Son modèle pédagogique d'enseignement en ligne était rejeté", a expliqué à l’AFP Oumou Dosso, directrice de la communication au ministère de l'Enseignement supérieur.
Ça, c'était avant ! Car rapidement l'UVCI a su metttre en avant ses atouts. L’université est totalement tournée vers les sciences numériques. Réseaux, multimédia, e-commerce, applications et services, la formation a obtenu le soutien de Microsoft et d’Orange. Résultat, l’université sort aujourd’hui sa première promo niveau licence. 830 étudiants sur les 6000 que compte la filière. Le doute du départ a laissé la place à une véritable consécration.
Comment ça fonctionne ?
Il s’agit en fait de donner accès via internet à une série de cours en ligne. On appelle cela des "Massive Open Online Courses" ou Mooc. L’Agence universitaire francophone (Auf), France université numérique (Fun) ont collaboré à la réalisation de la plateforme. Les cours ont été réalisés avec le concours de l’Université de Cergy-Pontoise en France. Ainsi le Mooc Communication, médias et développement "vise à répondre à la question des conditions nécessaires pour communiquer dans le cadre de pays en voie de développement".
L’étudiant, une fois inscrit, accède aux cours et aux documents ainsi qu’aux devoirs.
L’accès à l’internet est bien sûr le principal obstacle sur le chemin de l’enseignement à distance. Des subventions ont été annoncées afin d’aider les étudiants à s’équiper en ordinateur. 5000 cyber centres ont été ouverts dans tout le pays. Enfin, un plan pour installer 7000 km de fibre optique a été lancé en 2014.
Nous avons contacté Marou Bamba, le président de l’amicale des étudiants, issu de cette première promo. A ses yeux, l’apport principal de ces études virtuelles est de permettre aux jeunes de gérer leur planning. L’élève se connecte quand il veut, ce qui est pratique quand on travaille pour payer ses études. Marou Bamba ne considère pas que ce soit une formation au rabais. Il en veut pour preuve que certains étudiants ont déjà un pied dans le monde professionnel. C’est une pédagogie nouvelle qui s’adresse à une population nouvelle.
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