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"Résonances" une exposition de l'artiste ivoirien Ouattara Watts

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
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Vingt toiles et un ensemble de travaux sur papier du peintre sont présentés jusqu'au 17 novembre 2019 près de Limoges.

Ouattara Watts, exposé à l'Espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers (Haute-Vienne), est né en 1957 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il découvre les grands noms de la peinture contemporaine européenne (Picasso, Modigliani, Giacometti, Braque, Derain, Mondrian…) à la bibliothèque du centre culturel français de la capitale ivoirienne. Cette découverte le renforce dans son envie de devenir peintre.

A 20 ans, il s'installe à Paris et s'inscrit à l’Ecole nationale des beaux-arts. Mais l'évènement qui fait basculer son destin est sa rencontre en France, en 1988, avec le peintre américain Jean-Michel Basquiat, alors âgé de 27 ans.

Six mois plus tard, l'artiste américain, au faîte de sa gloire, décède d'une overdose. Mais ce coup de foudre "amical et artistique", aux dires de beaucoup, sera décisif dans le parcours d'Ouattara Watts.

Basquiat ouvre les portes de la scène artistique new-yorkaise à son ainé qui quitte la France et s’installe définitivement aux Etats-Unis. Dès les années 1990, le travail d'Ouattara Watts est reconnu internationalement.

De nombreuses passions communes rapprochent les deux peintres: la culture africaine, leur voyage sur le continent, le vaudou auquel Watts a été initié très jeune, la spiritualité animiste. Mais aussi leur amour de la musique.

Les toiles d'Ouattara Watts sont parsemées de références aux musiciens qu'il admire. Ses goûts éclectiques, à l'image de ceux qu'il écoute, traversent ses toiles: Bob Dylan, Janis Joplin, John Coltrane, Miles Davis, Sun Ra, Fela Kuti, reggae ou chants polyphoniques pygmées…

Les toiles de Watts, comme celles de Basquiat, créent un langage personnel où se racontent, comme un journal intime, sa vie personnelle mais aussi les tragédies de l'Histoire et les maux de la société contemporaine: esclavage, crise financière, pillage des matières premières de l'Afrique… "La peinture, l'art, c'est pour comprendre la vie", déclare Ouattara.

"La base de mon travail repose sur la spiritualité, la méditation portée par une musique en tant que moteur pour peindre", raconte Ouattara Watts. "Pour moi, la musique est comme le soleil, elle est lumière et énergie. Elle met les récepteurs à vif." (OUATTARA WATTS / COURTESY GALERIE CECILE FAKHOURY)
"Dans la dernière décennie, ses peintures ont vu surgir des suites de chiffres qui se déposent souvent sous forme de rubans ou de pyramides numériques où d’aucun verra des formules magiques, des données métriques, des équations mathématiques, des codes informatiques, des repères chronologiques, des numéros téléphoniques…", précise Stéphane Vacquier, commissaire de l’exposition. (OUATTARA WATTS / PHOTO GIORGIO BENNI/COURTESY MAGAZZINO, ROME (ITALIE))
Selon Stéphane Vacquier, "musique", "médium", "matière" sont les 3 "M" qui définissent l’art du peintre. On pourrait y ajouter "mouvement" car Ouattara Watts utilise aussi ses doigts et son corps. "Je peins avec des brosses, des pinceaux, mais beaucoup avec la main, j’aplanis avec mes deux mains nues, j’aime ce contact avec la matière, la peinture, et j’y vais avec mon corps, par des mouvements circulaires empruntés à l’architecture soudanaise du temps où l’argile mélangée avec du beurre de karité a permis à des maisons de tenir debout sur plusieurs générations." (OUATTARA WATTS / PHOTO J-L. LOSI)
Dans cette œuvre, traditions africaines et art moderne occidental se rencontrent et se mélangent dans une parfaite cohésion. Les mots "transculturalisme", "interculturalisme" et "multiculturalisme" peuvent servir à définir l'œuvre d'Ouattara Watts qui se déclare "citoyen du monde". Mais la vision qu'il a de ce monde va plus loin. Elle est "universelle". Elle "n'est pas reliée à un pays ou un continent, elle dépasse les frontières et tout ce qu'on peut repérer sur une carte. (…) C'est le cosmos que je peins", déclare l'artiste. (OUATTARA WATTS / PHOTO J-L. LOSI)

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