Cet article date de plus de trois ans.
AKAA et Manifesta présentent à Lyon l’exposition "Imaginaires Emancipés"
Publié le 06/07/2021 09:02
Mis à jour le 06/07/2021 09:02
Sur une proposition d’Armelle Dakouo, directrice artistique d’AKAA (Also Known As Africa), Manifesta, lieu pluridisciplinaire dédié à l’art contemporain, accueille 13 artistes africains ou issus de la diaspora.
Les 13 artistes présentés à l’exposition "Imaginaires Emancipés", visible à Manifesta Lyon jusqu’au 16 juillet 2021, veulent à travers leurs œuvres témoigner des nouveaux enjeux de l’Afrique contemporaine, déconstruire les clichés sur le continent et notamment la représentation du corps noir. L’exposition, qui fait la part belle aux jeunes et aux femmes, questionne le genre, l’identité et l’intime.
Souleimane Barry, né au Burkina Faso en 1980, utilise différents médiums – acrylique, encre de Chine, collage – pour donner vie à ses portraits d’anonymes, de personnages solitaires issus de souvenirs ou de rencontres lors ses voyages. Avec cette réflexion sur la migration, l’artiste espère redonner une histoire et une dignité à ces êtres qui rêvent d’ailleurs, en quête d’une vie différente. (SOULEIMANE BARRY – GALERIE ANNE DE VILLEPOIX, PARIS)
Nathalie Boutté est née en 1967. Elle vit et travaille à Montreuil, en France. Autodidacte, elle appréhende son travail dans une démarche de perpétuel apprentissage, d’une constante recherche d’évolution. Elle crée visages et personnages grâce à des collages réalisés à partir de fines lamelles de papier de couleur préalablement découpées, puis assemblées une par une. (NATHALIE BOUTTE – MAGNIN-A, PARIS)
Rebecca Brodskis est née en France en 1988. Entourée d’artistes, car sa grand-mère est peintre et ses parents cinéastes, elle découvre très vite le plaisir de créer. Enfant, elle vit entre la France et le Maroc. Puis plus tard, suit des études et voyage à l’étranger (Londres, New York, Berlin...). Dans un entretien à "Young Art Review", elle explique au sujet de ses tableaux réalisés toujours à l’huile : "Je suis le pinceau qui me guide. Les corps ne sont plus des corps, mais des formes qui s’étirent ou se contractent. Le réel est subjectif. Chacun voit une même personne de façon complètement différente. (…) C’est cela qui transparaît dans mon interprétation des corps, une interprétation parmi tant d’autres du réel." (REBECCA BRODSKIS – SEPTIEME GALERIE, PARIS)
Wonder Buhle Mbambo est né en 1989 à KwaNgcolosi, un petit village sud-africain. Vivant à la campagne et jouant dans les champs, il garde un profond respect pour la nature. Les fleurs omniprésentes dans ses toiles sont "comme des étoiles" et le reflet de l'énergie transmise par sa grand-mère qui les considérait comme "des porte-bonheur" aux pouvoirs spirituels, explique l’artiste sur "Bubblegum Club". Aujourd’hui cet élément symbolique qui recouvre ses portraits pour la plupart imaginés, tirés de photographies ou inspirés des habitants de son village natal, est là pour purifier les espaces de la toile et lui permet de se connecter avec ses entités spirituelles et sa créativité. Sur "SA Creatives", Mbambo déclare : "Je comprends ma pratique artistique comme un espace entre mon âme intérieure, mes rêves et mon identité." Son travail a été présenté dans plusieurs expositions internationales. (WONDER BUHLE – BKHZ, JOHANNESBURG)
Farida Hamak est née en 1950 en Algérie. Mais en 1956, ses parents quittent le pays pour venir s’installer en France. A vingt ans, elle se découvre une véritable passion pour la photographie et décide très vite d’en faire son métier. En 1980, elle intègre l’agence Viva comme reporter de guerre. Puis collabore avec l’agence Sipa Press. Dix ans plus tard, elle arrête définitivement la photo d’actualité et devient rédactrice en chef de mode du bureau parisien d’Al Khaleejiah-France, le premier groupe de presse du Moyen-Orient. Elle publie plusieurs de ses travaux "Paix en Galilée-Beyrouth", "Au détour du Jourdain", et réalise à partir des années 2000 plusieurs films, "Ma mère-Histoire d’une immigration", "Sans détour", "Mineurs"… (FARIDA HAMAK – REGARD SUD, LYON)
Nelson Makamo est né en 1982 à Modimolle, une petite ville sud-africaine de la province du Limpopo. Autodidacte, cet artiste est devenu "la nouvelle superstar de la scène artistique contemporaine" depuis que l’une de ses toiles a fait la couverture du "Times" en 2019. Son travail réalisé avec différents supports et médiums (fusain, acrylique, huile, aquarelle, lithographie…) est particulièrement influencé par les habitants et la jeunesse des zones rurales d'Afrique du Sud. A travers son œuvre, il souhaite "décoloniser les esprits" et montrer une image plus positive du continent. "La pauvreté, les maladies, les catastrophes, l’insécurité, le chômage… cela a déjà été documenté de diverses façons. Mais ce n’est qu’une partie de la réalité. Car tout le reste, la quête du bonheur, la joie de vivre et la créativité malgré l’adversité, est plutôt rarement mis en avant. Mon regard positif sur l’Afrique est tout aussi légitime. Ce choix délibéré est d’ailleurs indispensable si nous voulons affirmer notre dignité", explique Makamo à "Telerama". (NELSON MAKAMO – BOTHO PROJECT SPACE, JOHANNESBURG)
Johanna Mirabel d'origine guyanaise et antillaise est née en 1991. "A travers ses œuvres de peinture et de sculpture, l’artiste développe une recherche de la représentation qui oscille entre abstraction, expressionnisme et réalisme. En utilisant une végétation luxuriante, des objets partiellement présents et disparates, elle met en scène des contradictions et des juxtapositions qui évoquent la complexité inhérente à la vie entre plusieurs cultures. Inspiré par la Créolisation lyrique d’Edouard Glissant, son travail développe des formes picturales qui semblent toujours en mouvement et dans lesquelles, les personnages – l’artiste ou ses proches – se retrouvent, quant à eux, encastrés, emboîtés ou prêts à fusionner dans leur environnement mouvant", explique la Galerie Véronique Rieffel qui la représente. (JOHANNA MIRABEL – GALERIE VERONIQUE RIEFFEL, ABIDJAN)
Née en 1972, Zanele Muholi est une artiste et militante sud-africaine engagée de longue date contre l’homophobie et la haine raciale. Si elle est principalement connue du grand public à travers ses photographies ("Somnyama Ngonyama − Salut à toi, lionne noire !", sa première monographie a été éditée par delpire&co en avril 2021), Muholi est aussi peintre. "Réécrire une histoire visuelle de l'Afrique du Sud pour que le monde entier connaisse notre résistance et notre existence au plus fort des crimes de haine en Afrique du Sud et au-delà" est sa mission, précise la galeriste Carole Kvasnevski qui la représente en France. Au cours des dix dernières années, son travail a été de nombreuse fois récompensé.
(ZANELE MUHOLI – GALERIE CAROLE KVASNEVSKI, PARIS)
Kresiah Mukwazhi est née en 1992 au Zimbabwe. "Sa pratique artistique s’inspire d’expériences personnelles et d’observations de la violence, de l’exploitation et des abus liés au genre. Inspirée par le mouvement #metoo, elle utilise son art pour exposer les agressions sexuelles courantes dans son pays d’origine et dans le reste de l’Afrique", déclare le site Femmes d’art. Mukwazhi a été sélectionnée pour représenter le Zimbabwe à la Biennale d’art de Venise en 2022. (KRESIAH MUKWAZHI – VILLAGE UNHU, HARARE)
Temitayo Ogunbiyi née en 1984 dans l’état de New York partage sa vie entre le Nigeria, la Jamaïque et les Etats-Unis. "Plasticienne, elle explore les possibilités et distorsions par l’installation, la sculpture, le collage et le dessin. L’essentiel est de produire une œuvre toujours connectée au lieu de création. Son travail interroge l’espace d’exposition de l’œuvre en mettant en lumière les correspondances et les canaux de communication qui se créent entre l’objet et son environnement direct", précise 31 PROJECT, une galerie dédiée à la promotion des scènes africaines de l'art contemporain avec laquelle Ogunbiyi collabore depuis 2020. Sa série de dessins "You Will" initiée en 2016 développe un art graphique méticuleux autour de motifs faisant se confondre coiffures tressées inspirées des modèles nigérians et éléments végétaux extraits de planches botaniques anciennes. Mêlant ces références ethnologiques et botaniques, l’artiste interroge son histoire personnelle et les mouvements de l’Histoire au sens large. Le Quai Branly à Paris a fait rentrer dans ses collections plusieurs de ses dessins. (TEMITAYO OGUNBIYI – 31 PROJECT, PARIS)
Eniwaye Oluwaseyi est un artiste autodidacte nigérian. Injustice sociale, politique, conflits raciaux et vie moderne forment le moteur de son œuvre. Se considérant comme un critique et un observateur, il centre sa pratique principalement sur le portrait et le réalisme impressionniste. Pour Oluwaseyi, chaque histoire individuelle mérite d’être racontée. Il veut grâce à son art dépasser "les frontières de la religion, de la race et de la tradition". Que l’espoir soit au bout de son pinceau et de l’œil du spectateur.
(ENIWAYE OLUWAYESI – ADA \ CONTEMPORARY ART GALLERY, ACCRA)
Maya-Inès Touam est née en France de deux parents algériens. Elle travaille toujours en collaboration avec le photographe Thomas Echegut, rencontré aux Beaux-Arts de Paris dont elle est diplômée depuis 2013. A partir d’objets artisanaux traditionnels, ses travaux s’inspirent des natures mortes flamandes du XVIIe siècle. "Ses œuvres s’articulent autour d'une certaine image féminine scénographiée, tantôt objective tantôt mystifiée, dans la lignée de certaines artistes telles que Shadi Gadirian, Najia Mehadji, Maïmouna P. Guerresi ou encore la danseuse Héla Fattoumi. (…) Elle joue ainsi avec les codes générationnels afin d’expérimenter plastiquement la sémantique d’un patrimoine panafricain, loin des considérations postcoloniales. Se faisant maîtres de la mémoire d’une époque, ces vanités contemporaines agissent comme les figures engagées d’une société plurielle, loin des clivages au carrefour des civilisations", indique le site afrique in visu. (MAYA-INES TOUAM – AFRICAN ARTY, CASABLANCA)
Shoshanna Weinberger, née en Jamaïque, se considère comme une anthropologue visuelle. A travers ses dessins, collages et installations sculpturales, elle remet en question les notions de beauté et d'identité. Sa série Strangefruit fait référence au concept d'excès de beauté et d'hybridité. Elle présente des corps féminins, qui sont des muses récurrentes coexistant sous des formes animales et humaines, à la fois grotesques et sexualisées. "Les muses font allusion à des archétypes contemporains, mythologiques, historiques qui ont un lien et une relation avec mon propre corps. Les figures sont définies comme des spécimens, chacun présentant différentes parties du corps associées à un critère de beauté désormais malformé, déplacé et abstrait, qui se connecte périodiquement à des formes identifiables", déclare l’artiste. (SHOSHANNA WEINBERGER – NOMAD GALLERY, BRUXELLES)
Partager : l’article sur les réseaux sociaux
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.