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L'exposition "The Rumble in the jungle" fait revivre le plus grand match de boxe du XXe siècle entre Ali et Foreman

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1min

Cette rencontre entre Mohamed Ali et George Foreman s'est déroulée le 30 octobre 1974 à Kinshasa, au Zaïre, devenu depuis la République démocratique du Congo (RDC).

L'exposition The Rumble in the jungle retrace la rencontre entre les deux boxeurs américains, Mohamed Ali et George Foreman. Ce combat a changé l'histoire de la boxe et inspire encore de très nombreux artistes américains et africains. Ce match fut la première marche vers l'art de nombreux peintres et photographes congolais. Affiches, photos d'archive, bande dessinée, peintures, sculptures et œuvres créées spécialement pour cet évènement sont présentées par B'ZZ jusqu'au 28 novembre 2019 à la salle de boxe Boxing Beats en Seine-Saint-Denis.

Boxing Beats est un club de boxe anglaise situé à Aubervilliers, fondé et dirigé par l’ancien champion de France Saïd Bennajem. Plus qu’une école de boxe, cette salle historique de la banlieue parisienne accompagne les sportifs et les jeunes dans l’accomplissement de leurs démarches scolaires et professionnelles.

"Je voulais choisir un lieu qui consolide la mémoire de Mohamed Ali. Le Boxing Beats est l'endroit idéal. De nombreux champions en sont sortis", explique Bruno Scaramuzzino, créateur du label artistique B’ZZ dédié aux émergences et aux périphéries. Lequel soutient des artistes qui n’ont pas la "chance de", qu’ils viennent d’Afrique, des banlieues ou du coin de la rue…

B’ZZ a été créé pour faire œuvre de mémoire, présenter des artistes, fédérer des énergies et initier des dialogues entre le sport, la culture et la société. Deux galeries d’art et un studio créatif lui sont rattachés.

Don King baptise cet événement "The Rumble in the Jungle (Bataille dans la Jungle)". 100 000 spectateurs, pour la plupart supporters d'Ali, y assistent. Leur joie explose quand ce dernier, après avoir épuisé son adversaire pendant sept rounds, finit par le mettre KO au huitième. (MOKE FILS / BAYE DAM CISSE)
Mohamed Ali se nommait Cassius Marcellus Clay avant sa conversion à l'islam. Son refus de s'enrôler dans l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam, son engagement en faveur du panafricanisme (doctrine politique et mouvement de solidarité entre les peuples africains) et ses nombreux titres de Champion du monde font de lui une véritable idole auprès des Africains. Quand a lieu le match mythique de 1974, les Zaïrois l'accueillent avec ferveur. La foule surexcitée scande "Ali, bomaye !" ("Ali, tue-le !") Sa victoire, dans la nuit du 30 octobre, le fait entrer dans la légende. Il devient alors un véritable héros pour tous les jeunes Africains et Afro-Américains des années 70.   (PLAZ / NYABA OUEDRAOGO)
"C'était un événement sportif, artistique, culturel et politique majeur, autour d'un mec hors du commun. (…) Tout cela a créé une aura autour de ce moment, une aura qui s'est développée, que la mémoire a transformée. (…) Ce combat, c’est plus qu’un combat. Sur tout le continent africain, et particulièrement en RDC, il a laissé une trace. C’est devenu un mythe" explique à RFI Bruno Scaramuzzino, le directeur de l’exposition. Aujourd'hui, grâce à cette manifestation, "on sort l’art des ghettos dorés et le public pourra déambuler entre l’art et le noble art", rapporte-t-il à l'AFP.  (JC LOFENIA)
Cette rencontre au Stade du 20-Mai, au bord du fleuve Congo à Kinshasa, entre l’icône Mohamed Ali, 32 ans, et le champion du monde en titre George Foreman, 25 ans, est organisé par Don King. C'est la première fois que cet homme d’affaires au passé sulfureux organise un match en tant que promoteur professionnel. Alors qu'il est financièrement au plus bas, il n'hésite pas, pour supplanter ses pairs, à promettre aux deux boxeurs des millions de dollars. Et organise pour l'occasion un concert prestigieux avec de nombreuses stars de l'époque : James Brown, B.B. King, Miriam Makeba... Les huit rounds de ce match de légende lui apporteront la reconnaissance. Il devient par la suite une personnalité incontournable pour tous les jeunes boxeurs. (BARLY BARUTI)
Pour sponsoriser cet évènement, Don King a l'idée de faire appel au Zaïre et à son président Mobutu Sese Seko. Comme le précise RFI, pour le "président du Zaïre de 1965 à 1997, c’était un cadeau au peuple zaïrois et un honneur pour l’homme noir. (…) C’était l’œuvre de Mobutu, désireux de redorer son image et de montrer au monde un Zaïre fort. C’était le sport-business de Don King, à coups de millions de dollars (des sommes jamais vues jusqu’alors dans la boxe)".   (SAPIN MAKEN GELE)
L'exposition rassemble une vingtaine d'artistes, dont de nombreux Africains : Chéri Chérin, Dolet Malalu, Moké fils... Un ancien boxeur du "Boxing Beats" Baye-Dam Cissé a réalisé plusieurs œuvres originales spécialement pour l'exposition. De nombreux documents ont été prêtés par la fondation Francès et des émissaires se sont rendus en RDC pour récupérer des traces de cet évènement. "On a retrouvé un vieux monsieur, Francis Matton, photographe officiel du combat et du président Mobutu, qui possède des images d'archives inédites des coulisses du combat, de Mohamed Ali avec la population zaïroise, de son tête-à-tête avec James Brown", raconte Scaramuzzino. (FRANCIS MATTON)
Ancien réalisateur de la télévision congolaise, Francis Matton, 80 ans, a vécu 44 ans à Kinshasa. Quand a lieu le match, équipé d'un Nikon et d'un Hasselblad, il se place au bord du ring. Il voulait filmer la rencontre, mais il a dû se contenter d'un appareil photo : "Quand je me suis amené avec ma caméra, tous les Américains m'ont sauté dessus, en me disant, 'No ! No ! No !' Ils avaient l'exclusivité la plus absolue pour diffuser le combat. D'ailleurs, il s'est déroulé à quatre heures du matin pour être en prime time aux Etats-Unis", raconte le photographe, cité par "L'Equipe". (FRANCIS MATTON)
Saïd Bennajem, quatre fois champion de France et fondateur du "Boxing Beats", était encore enfant quand a eu lieu ce combat. Dans un entretien à RFI, il déclare : "Parce que c’est Ali, parce que c’est Foreman, deux monstres de la boxe. Ali avec son exubérance et son histoire, Foreman le grand frappeur avec ses marteaux-pilons dans les mains… On pensait que Foreman allait gagner, on le croyait imbattable." "C’est un devoir de mémoire. Ils nous ont laissé une mission : continuer à valoriser la boxe et à former de grands champions". (DOLET MALALU)

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