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Les cinémas «premium», le nouveau concept de salles haut de gamme au Maroc

Au Maroc, pour booster la fréquentation des cinémas en perte de vitesse et attirer un public jeune et varié, des investisseurs et des grands groupes du secteur ouvrent de nouvelles salles «premium», modernes et tout confort.
Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Salles insonorisées, fauteuils design, projecteurs dernier cri... l'ancien cinéma Le Colisée, à Rabat, a été refait de fond en comble. (Fadel Senna /AFP)

Au niveau mondial, le cinéma est au beau fixe. «Ça fait trente ans qu'on annonce la mort du cinéma à cause de la télévision, des cassettes VHS, des DVD, d'internet ou du piratage, mais il ne s'est jamais aussi bien porté: entre 2005 et 2015, l'exploitation a fait un bond énorme, à +30%», explique Pierre-François Bernet, président du groupe français Chrysalis Films.

Mais à l’inverse, les chiffres du Centre cinématographique marocain sont catastrophiques. Le pays comptait près de 300 cinémas dans les années 80, il n’en reste qu’une trentaine. Autrefois très populaires, les salles obscures ont vu leur fréquentation chuter à 1,5 millions d'entrées, même si le niveau des recettes, après un plongeon, est revenu en 2017 à 72,5 millions de dirhams (6,5 millions d'euros), concentré sur un réseau de quatre multiplexes, à Casablanca, Marrakech et Tanger.
 
Pour y remédier, Pierre-François Bernet qui a sillonné le Maroc, «un pays au très fort potentiel de développement», veut multiplier des salles de cinéma «premium» au confort maximum. Il a créé pour cela Ciné Atlas Holding dans le but d’ouvrir des salles de cinéma nouvelle génération ou de rénover des vieux cinémas.

Un vieux Colisée… moderne
Pour moderniser la plus ancienne salle de Rabat, Le Colisée, il n’a pas hésité à débourser 11 millions de dirhams (1 million d'euros). Les marbres précieux du hall ont été rénovés. Les fauteuils à double accoudoirs sont de couleur blanche, pour garantir une propreté visible. Le cinéma a été divisé en quatre salles où seront diffusés principalement des blockbusters américains pour attirer la jeune génération.
 
Mais plus que sur les entrées, l'investisseur mise sur les confiseries et la publicité, avec un taux espéré de remplissage de 35% contre 5% dans les autres cinémas du Maroc.
 
«Mis à part quelques salles bien gérées, il n’y a plus de salles au Maroc. Pourtant, il y a évidemment un potentiel énorme. Ce que l’on veut, c’est rompre avec la réputation qu’ont les salles de cinéma. Cela passe d’abord par le taux de remplissage. L’idée, c’est de faire du cinéma un endroit chaleureux. C’est pourquoi nous sommes prêts à faire des salles plus petites, plus propres, plus confortables», explique Pierre-François Bernet sur le site TelQuel.
 
Aujourd’hui, il travaille sur un deuxième projet à El Jadida, une ville de 200.000 habitants sur la côte atlantique, avec des aides publiques.
 
Ce concept des cinémas haut de gamme marche de mieux en mieux en Asie, mais aussi en France et aux Etats-Unis. Un avis que partage Claude Forest, professeur en études cinématographiques à l'université de Strasbourg, dans le nord-est de la France. «Beaucoup croient au positionnement haut de gamme. La modernisation de l'offre vise une certaine catégorie sociale, la classe moyenne et supérieure,qui ne sort plus et reste à la maison.»
 
Pierre-François Bernet n’est pas le seul à vouloir développer ce nouveau concept de cinéma. Le groupe Pathé-Gaumont, leader de l'exploitation des salles en France, va inaugurer d'ici à la fin de l'année 2018, à Tunis, son premier multiplexe hors d'Europe. Quant au groupe Vivendi, il a ouvert huit salles en Afrique centrale et de l'Ouest depuis 2015. Avec son réseau Canal Olympia, le groupe prévoit d’en ouvrir une dizaine de plus dans les années à venir, «pour répondre aux attentes d'un continent africain en forte croissance, avide de consommation de biens culturels».

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