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"Pour une autre modernité", une rétrospective Farid Belkahia au Centre Pompidou à Paris

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Farid Belkahia (1934-2014) est considéré comme l’un des principaux fondateurs de la modernité artistique marocaine et plus largement arabe.

L’exposition Pour une autre modernité consacrée à l’œuvre de Farid Belkahia est visible jusqu’au 19 juillet 2021 au Centre Pompidou à Paris. Il s’agit d’une rétrospective qui regroupe en 146 œuvres les différentes époques de l’artiste : période pragoise et expressionniste, peau, Ecole de Casablanca, cuivre… et ouvre un dialogue entre héritages passés et avant-garde.

Né en 1934 à Marrakech, Farid Belkahia y réalise sa première exposition en 1953. Il rejoint Paris deux ans plus tard et intègre l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Mais désireux de prendre ses distances avec l’académisme de celle-ci et plus largement avec l’esthétique française, il s’installe à Prague entre 1959 et 1962. Ses premières grandes œuvres y voient le jour. La figure humaine permet une évolution de la veine expressionniste vers un primitivisme de la représentation. En 1961, il prend position contre la tentative d’invasion militaire de Cuba par des exilés soutenus par les Etats-Unis à la "Baie des Cochons" et peint "Cuba si".   (ADAGP, PARIS, 2021 - TATE IMAGES)
"Ce qui nous intéressait dans l’étude de la modernité marocaine représentée par Belkahia, c’était de voir comment celle-ci s’était créée après l’Indépendance. Or ce qui est fascinant avec Farid Belkahia, c’est que l’on est confronté à un type de modernité qui ne doit pas grand-chose à celle occidentale, et qui en prend même le contrepied total. (…) Nous voulions montrer comment, dès Prague, il change de vocabulaire et envisage les directions dans lesquelles ses travaux futurs vont prendre forme", explique dans un entretien à "Diptyk Mag", Michel Gauthier, conservateur au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou et commissaire de l’exposition.    (ADAGP, PARIS, 2021 - COURTESY MATHAF: ARAB MUSEUM OF MODERN ART, DOHA)
A son retour au Maroc en 1962, Farid Belkahia est nommé à la tête de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca. En compagnie de quelques personnalités et notamment les artistes Mohamed Chabâa et Mohamed Melehi, il va y révolutionner l’enseignement artistique en mettant en relation la création contemporaine et les arts traditionnels que le regard colonial avait rangés au rayon des pratiques folkloriques. Ce mouvement, désormais intitulé "l’Ecole de Casablanca", est tenu pour être l’une des manifestations cardinales de la modernité post-coloniale. Les thèmes du couple, de l’accouplement avec ses formes sensuelles et ondulatoires en furent les prémices.       (ADAGP, PARIS, 2021 (PHOTO FOUAD MAAZOUZ ET RF))
Puis Farid Belkahia va radicaliser sa démarche en abandonnant progressivement la peinture, médium principal de l’art occidental, pour s’orienter vers le travail du cuivre. "Le choix d’un matériau hautement inscrit dans la tradition artisanale du Maroc (…) est un acte de résistance à la colonisation", déclare l’artiste. En 1969, l’exposition "Présence plastique" est organisée sur la place Jemaa el-Fna de Marrakech où ses œuvres sur cuivre sont présentées. Cette manifestation marque le fondement de la modernité marocaine.      (ADAGP, PARIS, 2021 - COURTESY MATHAF: ARAB MUSEUM OF MODERN ART, DOHA)
Après le cuivre, l’artiste va s’adonner à partir de 1974 à un autre matériau, la peau animale et principalement celle de chèvre. La couleur revient au premier plan avec l’emploi de pigments naturels (henné, safran, cobalt…). Pendant plusieurs années, il va réaliser alors de nombreuses pièces, dont l’aube et les arbres seront les thèmes centraux. C’est grâce à ce travail sur la peau que l’artiste va acquérir une place primordiale dans l’histoire de l’art.    (ADAGP, PARIS, 2021 - COURTESY MATHAF: ARAB MUSEUM OF MODERN ART, DOHA)
Cette œuvre "invoquant Bachelard et les archétypes de la rêverie poétique, joue avec une symbolique conjuguant les quatre éléments. La terre est ici en feu : une éruption se prépare, à l’évidente dimension sexuelle. Quant à l’eau et à l’air, un nuage les associe, prêt à recevoir une semence constituée d’un alphabet de formes géométriques élémentaires. Avec son arc solaire polychrome, elle présente aussi un thème cardinal chez Belkahia : l’aube, le matin des formes", explique "Balises".     


 (ADAGP, PARIS, 2021 - CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI/ - PHILIPPE MIGEAT/DIST. RMN-GP)
Farid Belkahia a également réalisé de grandes sculptures comme celle pour le parc des expositions aux Jeux olympiques de Séoul auxquels il est invité en 1978. En 2011, à l’occasion de l’inauguration du Musée d’art contemporain Mathaf du Qatar, où une salle lui est réservée, il réalise la sculpture "The Doors of lnfinity" et une de ses œuvres est exposée à Rabat au Maroc, sur le parvis du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain.      (ADAGP, PARIS, 2021 - PHOTO RF)

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