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Rachid Taha, l’artiste algérien qui a orientalisé le rock

L’enfant de Sig (Oran, Algérie) est décédé ce mercredi 12 août 2018, terrassé par une crise cardiaque. Le leader du groupe Carte de séjour, avant d’entamer une brillante carrière solo, a réussi la fusion du rock avec les musiques populaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, de Clash, Dahmane El Harrachi à Oum Kaltoum, en passant par le Camerounais Francis Bebey.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Rachid Taha est décédé à Paris à l'âge de 59 ans. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Ironie du destin, ce sont ses reprises qui l’ont fait connaître. Son interprétation ironique et un rien provocatrice de la chanson de Charles Trenet Douce France propulse le groupe Carte de séjour en 1981 comme porte-drapeau de la communauté française d’origine nord-africaine de seconde génération. Rachid Taha a toujours refusé le terme (péjoratif, selon lui) de Beur.


Né à Sig, près d’Oran (Algérie) et arrivé en France à 10 ans, Rachid Taha plonge dans le rock et le punk. Il n’a pas cessé d’orientaliser le rock, puisant dans le répertoire nord-africain, notamment algérien, et moyen-oriental. Ya rayeh (L’exilé) de Dahmane El Harrachi, autre immigré algérien, tirée de son album Diwan, a connu un succès planétaire. Et c’est avec cette chanson chaabi (pop-folk, genre algérien) qu’il est convié à participer au mythique concert de Bercy en 1998 avec Khaled et Faudel pour le spectacle 1,2,3 Soleils.


Avec Rachid Taha, la politique n’est jamais très loin. Avec El Menfi (Le banni), chanson interprétée par Akli Yahyatène, il évoque les conditions pénitentiaires des indépendantistes algériens en Nouvelle-Calédonie (1864-1897) et la guerre d’indépendance (1954-1962). Et son combat contre l’extrême-droite avec le titre électro Voilà voilà, un hymne à la résistance contre le fascisme.


Ses artistes préférés égyptiens, dont il a réinterprété des chansons, sont la diva Oum Kalthoum et Abdelhalim Hafez. Avec Agatha, une reprise de l’artiste camerounais Francis Bebey, mort en 2001, Rachid Taha chantait la tolérance et le métissage. Pour les puristes du rock, sa version de Rock the Casbah des Clash en 2004, unanimement saluée par la critique, reste un classique incontournable. 

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