Un Sommet de Paris pour aider l'Afrique à financer la lutte contre le terrorisme
Eviter à l'Afrique de décrocher et aider le continent à lutter contre le terrorisme, tels sont les enjeux du sommet de Paris qui réunit le 18 mai 2021 autour du président Français une trentaine de dirigeants africains et européens.
L'idée de ce "Sommet sur le financement des économies africaines" a germé à l'automne, quand le Fonds monétaire international (FMI) a calculé que la crise sanitaire risquait de précipiter l'Afrique dans une grave récession, avec son lot de chômage, de crise politique, de violence sociale. La croissance du continent a été pour la première fois négative en 2020 (-2,1%), ce qui se traduit par un appauvrissement de la population et un manque dramatique d'investissement. L'Afrique sort financièrement exsangue de la crise sanitaire, au moment où elle devrait justement investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace jihadiste. "La crise a touché tous les continents, mais la singularité de l'Afrique est qu'elle n'a pas les moyens financiers aujourd'hui de protéger et de relancer son économie comme l'ont fait tous les autres continents", a expliqué à RFI le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.
Pour un new deal du financement
Le moratoire sur le service de la dette publique mis en place dès avril 2020 a permis de donner un peu d'air, en suspendant le paiement de 5,7 milliards d'euros d'intérêt au bénéfice d'une cinquantaine de pays.
Et le G20 a réussi à convaincre la Chine – de loin le plus gros créancier bilatéral du continent – et les créanciers privés de prendre part aux futures renégociations de la dette. Mais cela ne suffira pas. "Nous ne pouvons pas faire avec les recettes d'hier" alors que "nous sommes collectivement en train d'abandonner l'Afrique à des solutions qui datent des années 60", avait estimé Emmanuel Macron fin avril, appelant à un "New Deal du financement de l'Afrique". Et le chef d'Etat français de mettre en garde contre le risque d'un effet boomerang, entre "réduction des opportunités économiques", "migration subie" et "expansion du terrorisme".
Nouvel épicentre de la lutte contre le terrorisme
Si l'objectif est de relancer les économies africaines et par conséquent l'économie mondiale, l'autre enjeu du sommet de Paris est la lutte contre le terrorisme. "Le sommet de Paris doit aussi permettre d'aider les Etats africains à financer la lutte anti-terroriste", a déclaré le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.
Prenons conscience que l'épicentre du terrorisme s'est déplacé du Moyen-Orient en Afrique, que Boko Haram ne cesse de s'étendre sur le continent africain. Beaucoup de chefs d'Etat africains nous ont fait part de leur préoccupation et nous ont demandé qu'on tienne compte de cette réalité-là dans les besoins de financement qui sont les leurs"
Bruno Le Maire, ministre français de l'Economieà RFI
Droits de tirage spéciaux du FMI
Aujourd'hui, les pays africains réclament un "moratoire immédiat sur le service de toutes les dettes extérieures (...) jusqu'à la fin de la pandémie" et une sanctuarisation de l'aide au développement. Ils ont également exhorté le FMI à attribuer des droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains pour leur fournir "les liquidités indispensables à l'achat de produits de base et de matériel médical essentiel".
Si le principe d'une émission de DTS de 650 milliards de dollars – dont au moins 34 milliards seront alloués à l'Afrique – est acquis, son montant est jugé insuffisant, selon la présidence française, qui suggère une vente de l'or du FMI pour alimenter des prêts à taux zéro aux pays africains.
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