Cet article date de plus de six ans.
Kenya: la «ruée vers l’or»
Depuis la nuit des temps, l’Afrique est connue pour son or. Au «top 4» des principaux producteurs du continent: l’Afrique du Sud, le Ghana, le Soudan et le Mali. Autre pays prometteur, le Kenya, et plus particulièrement les comtés de Kakamega et Migori (ouest du pays), où l’on commence à assister à une véritable ruée vers le métal précieux.
Publié
Temps de lecture : 4min
«Le Kenya est un pays relativement nouveau en ce qui concerne la production d’or. Mais nous sommes très heureux des relations que nous y avons établies et du soutien que nous y avons reçu. Nous sommes impatients de travailler avec toutes les parties en présence pour la mise en place de ce projet très prometteur», expliquait en février 2017 dans le Telegraph Brad Gordon, le patron de la société Acacia Mining, cotée à la Bourse de Londres, après la découverte d’un gisement très riche dans le sud-ouest du Kenya.
Un an plus tard, l’entreprise a annoncé qu’elle explorait la zone de Kakamega, dont les réserves sont estimées à 1,1 million d’onces (l’once, qui pèse 31,103 grammes, étant l’unité de mesure du métal jaune), rapporte le site du journal kényan Daily Nation. L’exploitation pourrait se faire en partenariat avec une autre firme britannique, Goldplat, déjà implantée dans le Migori. La preuve que les débouchés sont prometteurs.
The Daily Nation souligne cependant que pour l’instant, les exportations d’or du Kenya sont plutôt «médiocres». Il précise qu’en 2017, Goldplat a vendu 2720 onces d’or (84 kilos) pour 374 millions de shillings kényans (2,99 millions d’euros). Mais en un an, la production de sa mine de Kilimapesa a été multipliée par 2,2.
Dans ce contexte, les autorités du pays et les populations locales attendent beaucoup des activités aurifères. En 2016, le ministère des Mines et de la Géologie annonçait qu’à terme, la seule région de Migori pourrait produire 34 tonnes par an, rapportant au pays 67 milliards de shillings (610 millions d’euros au cours de l’époque). Pour l’instant, la réalité semble encore loin des objectifs: la production serait de 6 tonnes par an pour l’ensemble des régions occidentales.
Pour trois à cinq dollars par jour
Il faut dire que malgré l’arrivée de poids-lourds de l’industrie minière, l’industrie aurifère reste largement artisanale. Et dangereuse. «Des milliers de petites mains – hommes, femmes, et souvent enfants – grattent le sol dans des conditions de sécurité plus que précaires», souligne ainsi le site de Ouest France. Le chiffre de 100.000 personnes travaillant dans l’activité est parfois évoqué. Toutes risquent leur vie pour un salaire de trois à cinq dollars par jour.
Le travail est très divisé. Eclairés par une lampe fixée sur le casque, les hommes doivent parfois descendre (avec une corde) jusqu’à 100 mètres de profondeur, alors que les effondrements sont fréquents et les équipements de sécurité inexistants. Le minerai est extrait au marteau et au burin. En surface, les femmes le filtrent. Puis, à mains nues, elles le mélangent, réduit en poudre avec du mercure (élément hautement toxique), pour agglomérer les particules d’or.
Comme au Canada, «mais sans la neige»
En fait, l’extraction du métal jaune n’est pas une activité nouvelle dans l’ouest du Kenya. Les gisements sont connus depuis les années 1930, à l’époque de ce que certains appellent aujourd’hui la «ruée vers l’or de Kakamega». Un phénomène apparemment en partie nourri par les rapports du géologue britannique Albert Ernest Kitson aux autorités d’Albion, dont le Kenya était alors une colonie, et par ses articles. Selon lui, la moitié de l’or était alors gaspillée par les techniques d’exploitation rudimentaires, peu soucieuses des droits des populations locales et de l’environnement.
Le géologue comparait la situation à Kakamega à la ruée vers les gisements de Klondike au Canada en 1897 et 1898, qui vit la population locale doubler en quelques années. «Cela rappelle (le site canadien) en miniature, mais sans la neige. Des vieux mineurs, d’anciens pionniers de Klondike et d’Australie s’y précipitent.» Au Kenya, le relais fut ensuite pris par des sociétés britanniques. L’une des plus importantes, Rosterman Gold Mines, ferma ses sites au début des années 1950, estimant que l’exploitation n’était plus viable. Il faut croire que l’avis des géologues a changé…
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.