L’Afrique de l’Ouest peine à valoriser son potentiel minier exceptionnel mais sous-exploité
De l’or, du fer, du nickel, du manganèse, de la bauxite… L’Afrique de l’Ouest regorge de ressources minières fabuleuses. Mais les investisseurs se font attendre. Les acteurs africains des mines et du pétrole veulent changer la donne.
Avec une croissance record de 81% depuis 15 ans, l’Afrique de l’Ouest est devenue la quatrième région mondiale pour l’or, avec une production de 8 millions d’onces en 2016, selon les chiffres du Conseil mondial du métal jaune. C’est deux fois moins que la Chine dont la production s’est élevée à 15 millions d’onces durant la même période. Mais le meilleur est à venir, estiment les experts.
Des niveaux de rentabilité parmi les plus élevés
C’est en Afrique de l’Ouest qu’on a découvert le plus de nouveaux gisements entre 2006 et 2016, avec 79 millions d’onces. Un tiers des découvertes sont situées au Burkina Faso, devant le Ghana, le Mali et la Côte d’Ivoire.
Selon les experts, les gisements aurifères de la région offrent de très bons niveaux de rentabilité, parmi les plus élevés du monde. Pourtant, beaucoup d’investisseurs nord-américains hésitent à y miser des capitaux par méconnaissance de l’Afrique. "Ils ont tendance à assimiler tout le continent à un seul pays et à prendre peur dès qu’une crise éclate quelque part", estime Patrick Bouisset, vice-président chargé de l’exploration au sein de la compagnie Endeavour qui exploite trois mines dans la région.
Quelle stratégie pour encourager les compagnies à venir explorer ?
Pour le directeur général de la société d’Etat pour le développement minier de Côte d’Ivoire, Kadjo Kouamé, "il y a un vrai travail à faire pour attirer les investisseurs et diversifier les projets, trop centrés sur l’or", a-t-il confié à l’AFP.
"Il faut doubler la durée des permis d’exploitation dans les codes miniers, jusqu’à 15 ans", suggère le PDG de la compagnie canadienne Sama Ressources, Marc-Antoine Audet. Pourquoi ? "Parce qu'il faut plus de temps pour les métaux de base comme le cuivre, le nickel, ou le cobalt, souvent enfouis à grande profondeur, que pour les métaux précieux qu’on trouve plus en surface", explique-t-il à l’AFP.
Longtemps considérée comme une zone de production pétrolière incontournable, l’Afrique de l’Ouest réalise aujourd’hui qu’elle est assise sur des gisements miniers sous-explorés et sous-exploités et que la région pourrait devenir un Eldorado pour les compagnies minières européennes, nord-américaines et chinoises.
Reste à savoir si les gouvernements ouest-africains seront en mesure de capter une partie des revenus miniers et d’en faire profiter leurs populations.
L’appétit pour le sous-sol africain va-t-il tourner au pillage du continent ?
Tous les spécialistes font le même constat : l'Afrique a du mal à tirer pleinement profit de son sous-sol. Dans une étude publiée par la revue Proparco, Louis Maréchal s'est penché sur la question au sein de la direction générale de la mondialisation au ministère français des Affaires étrangères. Pour lui, priorité doit être accordée au développement en Afrique d'une industrie de valorisation des ressources minières.
Les revenus générés par les exportations de matière brute ne représentent qu'une faible proportion de ce que pourraient représenter les exportations de produits finis ou semi-finis
Louis MaréchalDans la revue Proparco
L’autre priorité, observe Louis Maréchal, c’est l’élaboration d’un cadre législatif et fiscal équilibré, accueillant l’investissement minier et préservant les intérêts des Etats et des communautés locales.
Des infrastructures dignes de ce nom
La construction d’infrastructures dans le domaine du transport et de l’électricité constitue aussi un autre défi pour la croissance du secteur en Afrique.
"De nombreux bassins miniers souffrent d'un enclavement souvent rédhibitoire pour les investisseurs, qui n'ont pas forcément les capacités financières suffisantes pour mener seuls la coûteuse construction d'infrastructures", écrit Louis Maréchal. Il déplore enfin l’exploitation illégale des ressources qui doit être combattue pour mettre un terme au financement de conflits locaux et de guerres civiles.
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