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Vie chère : manifestations et répression au Tchad

Tous les voyants sont au rouge dans le pays. La population subit une crise sans précédent. Inflation catastrophique, pénurie de gaz. Dans le même temps, l’opposition est bâillonnée, interdite de manifester.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Scène de marché à N'Djamena, la capitale du Tchad, le 15 août 2017. (XAUME OLLEROS / AFP)

Le 25 avril 2019, la manifestation contre la pénurie de gaz à N'Djamena était interdite. Le président du Collectif contre la vie chère a été interpellé par la police pour avoir maintenu son appel à manifester. Puis 13 personnes ont été arrêtées dans la capitale pour avoir bravé l’interdit. Parmi elles, des artistes et des intellectuels, dont deux femmes, la romancière Zenaba Dinguest et l’ancienne animatrice de Radio, Racky Diallo.

Des interdictions de manifester et des arrestations pointées du doigt par Amnesty International. "Il serait important que demain, pour l’accès aux droits humains des citoyens tchadiens, les autorités s’abstiennent d’entraver la manifestation pacifique et s’assurent que toute utilisation excessive de la force par les forces de sécurité soit interdite et, le cas échéant, portée devant la justice",  écrit Tity Agbahey, chargée de campagne pour l’Afrique centrale pour l'ONG.

Pénuries

Il n’y a plus de gaz dans le pays, ni d'essence. Depuis plusieurs mois, "la population tchadienne se démène tant bien que mal à entretenir son foyer et les cuisines avec des bouses de vaches et autres détritus inflammables pour préparer à manger", explique le tchadanthropus-tribune, un organe d’opposition. Dans les stations-services, les files d'attente s'allongent.

Depuis le 23 février, pour cause de travaux de maintenance, la production de la raffinerie de Djamaya, qui fournit le gaz, est interrompue. Malgré le recours à des importations depuis le Cameroun ou le Nigeria, la pénurie perdure. Et le retour à la normale, prévu le 4 avril, n’a pas encore eu lieu.

Dans le même temps, l’inflation est à son comble. Les prix atteignent des niveaux improbables dans ce pays qui est l’un des plus pauvres de la planète. A 0,93€ le kilo de semoule à couscous à Paris contre 1,53€ à N’Djamena (1000 francs CFA), le kilo de couscous se révèle moins cher en France !

Bienfaisance en panne

Dans ce contexte, une opération de bienfaisance pour la période du ramadan, Magasins bénis, semble devoir tourner court et laisse les observateurs perplexes. Il s’agissait de fournir à la population des produits de première nécessité avec des rabais de 15%. Près de deux millions de personnes de la capitale sont concernées.

Mais une sombre affaire entre le porteur du projet et le président de la chambre de commerce menace cette "réduction immédiate du coût du panier de la ménagère", dont la nouvelle version a été rejetée par le ministre du Commerce. Corruption ? Refus de perdre de l’argent ? Cela ne va pas calmer une population déjà en surchauffe alors que le ramadan débute le 5 mai.

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