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Egypte: au chevet des coptes, le pape tend la main aux musulmans
Le pape François se rend comme prévu en Egypte, les 28 et 29 avril 2017. Pour apporter son soutien aux coptes du pays visés par un double-attentat meurtrier perpétré par Daech le dimanche des Rameaux. Et consolider le dialogue islamo-chrétien en se rendant à la mosquée al-Azhar, haut-lieu de l’islam sunnite.
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C’est la seconde visite officielle d’un pape en Egypte, 17 ans après celle de Jean-Paul II, en février 2000. Une visite éclair de 27 heures chrono, limitée à la seule ville du Caire en raison de la menace djihadiste qui pèse de façon récurrente non seulement sur les chrétiens, mais aussi sur le souverain pontife.
Jorge Mario Bergoglio est venu apporter son soutien aux coptes d’Egypte, la plus importante communauté de chrétiens d’Orient, dont les effectifs atteignent 10% des 92 millions d'Egyptiens. Le 9 avril 2017, deux attentats anti-coptes ont été perpétrés contre des églises, tuant 45 personnes venues assister à la messe, le dimanche des Rameaux. Ces attaques terroristes, condamnées par François, ont été revendiquées par Daech.
L'une d'elle a failli coûter la vie au patriarche d’Alexandrie des coptes-orthodoxes. Tawados II se trouvait à l'intérieur de la cathédrale Saint-Marc d'Alexandrie. Quelques heures plus tôt, une autre église, à Tanta, dans le delta du Nil, avait été visée. L'évêque de Rome et Tawados II s'étaient déjà rencontrés en 2013 au Vatican lors d’«un moment commun de prière œucuménique». Il s’agissait alors de la première visite d’un patriarche de la principale Eglise non catholique du Moyen-Orient depuis 1973.
Réconciliation avec al-Azhar
«Ce qui est arrivé provoque du désordre et une grande souffrance, mais cela ne peut empêcher le déroulement de la mission de paix du pape», déclarait récemment Mgr Angelo Becciu, numéro 3 du Vatican, interrogé par le Corriere della Sera. Un logo accompagne ce voyage: «Le pape de la paix dans l'Egypte de la paix.»
En acceptant l’invitation du président égyptien al-Sisi, du patriarche des coptes Tawados II et de l’imam de l’université al-Azhar, cheikh Hamed al-Tayeb, le pape argentin souhaite surtout rétablir le dialogue islamo-chrétien. Son message visera à dire que «chrétiens et musulmans peuvent vivrent ensemble dans la mesure où tous sont des citoyens», selon le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
C'est dans cette optique que Jean-Louis Tauran s’était rendu à al-Azhar les 22 et 23 février. Une telle rencontre à ce niveau, entre le Saint-Siège et l’université, était une première depuis l’arrêt des discussions en 2011, entre le Vatican et l'institution cairote. Cette dernière avait rompu le dialogue avec le Saint-Siège, de manière unilatérale, en réaction aux propos du pape Benoît XVI après un attentat meurtrier survenu fin décembre 2010, devant une église copte-orthodoxe d’Alexandrie. Ces relations s'étaient crispées dès 2006, Benoît XVI ayant semblé associer islam et violence.
Jusqu'en 2011, des contacts annuels avaient lieu entre le Vatican et al-Azhar chaque mois de février, depuis la visite de Jean Paul II en février 2000.
Secouée sur son propre sol par plusieurs attentats terroristes, l’Egypte ne cesse de rappeler que sa tradition musulmane, celle d’al-Azhar, est «un islam du juste milieu», un islam populaire inspiré du soufisme. L’imam d’al-Azhar doit néanmoins tenir compte de certains courants religieux conservateurs au sein de l’islam sunnite, y compris en Egypte, où nombre de religieux ont été formés en Arabie Saoudite ou dans les pays du Golfe, souligne le site de la Conférence des évêques de France.
Alors que Daech a menacé de multiplier les attaques contre la communauté chrétienne d'Egypte, le président al-Sisi a promis aux coptes de traquer les auteurs des derniers attentats. L'histoire des coptes, majoritairement orthodoxes, remonte à l'aube du christianisme. Ils étaient encore majoritaires en Egypte au 12e siècle, rappelle le père Samir Khalil, spécialiste d'études islamo-chrétiennes auprès de l'Institut pontifical oriental de Rome, cité par l'AFP.
Aujourd'hui, souvent considérés comme «des citoyens de seconde zone» en Egypte, ils sont la cible de terroristes voulant «montrer qu'il est impossible de vivre ensemble comme citoyens égaux», déplore de son côté un prélat de haut-rang au Vatican.
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