Egypte: l'ex-président Morsi, jugé pour "espionnage" et "actions terroristes"
Mohamed Morsi actuellement jugé pour complicités de meurtres de manifestants, sera aussi jugé pour espionnage en vue de mener des actions terroristes.
Le président islamiste Mohamed Morsi destitué par l'armée et actuellement jugé pour la mort de manifestants, comparaîtra aussi pour "espionnage" en vue de mener des "actions terroristes" impliquant le Hamas palestinien et des groupes jihadistes, a annoncé mercredi le parquet égyptien.
A ses côtés comparaîtront 35 autres personnes, notamment des hauts cadres des Frères musulmans, dont le Guide suprême Mohamed Badie, et des responsables sous sa présidence.
Tous doivent répondre d'"espionnage au profit d'organisations étrangères en vue de commettre des actions terroristes dans le pays", détaille un communiqué du parquet, ainsi que de "divulgation d'informations classées secret-défense à un pays étranger", de "financement du terrorisme" et d'"atteinte à l'intégrité territoriale".
En juillet, la justice avait interrogé M. Morsi sur les circonstances de son évasion début 2011 de la prison de Wadi Natroun (au nord-ouest du Caire) avec d'autres islamistes, pendant la révolte qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak. Il a été accusé d'avoir bénéficié pour cette évasion de l'aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, frontalière de l'Egypte.
Certains accusés, dont Essam Haddad, bras droit de M. Morsi durant sa présidence, doivent également répondre de la divulgation de secrets d'Etat aux Gardiens de la révolution, troupe d'élite iranienne.
Le Parquet accuse également les Frères musulmans, confrérie à laquelle appartient M. Morsi, d'être impliqués dans la multiplication des attaques depuis la destitution du premier président élu démocratiquement du pays, notamment dans le Nord-Sinaï.
Plusieurs de ces attaques, qui ont tué des dizaines de policiers et de soldats, ont été revendiquées par des groupes disant s'inspirer d'Al-Qaïda et n'ayant pas de lien connu avec les Frères musulmans.
Le Parquet affirme toutefois que ces attentats ont été menés pour favoriser "le retour du président destitué et replacer l'Egypte sous la coupe des Frères musulmans".
"Il y a probablement eu des contacts entre ces mouvements et les Frères musulmans, quant à savoir s'il y a un fondement juridique à ces accusations, nous n'avons rien vu jusqu'alors qui prouve qu'elles sont crédibles", a affirmé à l'AFP Michael Hanna, spécialiste de l'Egypte au sein du groupe de réflexion Century.
Le ministère de l'Intérieur a accusé les Frères musulmans, le Hamas et le Hezbollah d'avoir visé des postes de police et des prisons durant la révolte de 2011.
Les avocats de M. Moubarak et de son ministre de l'Intérieur Habib al-Adly ont porté les mêmes accusations lors de leur procès toujours en cours pour la mort de manifestants durant les 18 jours de contestation en janvier et février 2011.
M. Morsi --auquel des millions de manifestants ont reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie-- a été destitué le 3 juillet par l'armée.
Depuis, ses partisans manifestent quasi-quotidiennement, bravant une répression qui a fait plus d'un millier de morts depuis le début de l'été et des milliers d'arrestations dans les rangs des islamistes.
Détenu depuis sa destitution le 3 juillet, il est actuellement jugé pour complicité de meurtres de manifestants, et son procès dans cette affaire doit reprendre le 8 janvier.
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