Egypte. La police fait grève pour dénoncer son instrumentalisation
Les policiers se sentent détestés par leurs concitoyens, qui leur reprochent un usage excessif de la force, alors qu'ils assurent simplement respecter les consignes.
Au lendemain d'une nouvelle journée de manifestations et de heurts notamment au Caire, la police égyptienne a confirmé, dimanche 10 mars, son mouvement de grève pour dénoncer son instrumentalisation par le pouvoir en place.
"Nous suspendons notre travail sine die car nous refusons d'assumer la responsabilité des erreurs du gouvernement qui veut nous impliquer dans le conflit politique", a affirmé Hassan Mostafa, un colonel de police à Port-Saïd. Accusés d'usage excessif de la force par l'opposition et les jeunes manifestants hostiles au président islamiste Mohamed Morsi et aux Frères musulmans, les policiers se sentent détestés par leurs concitoyens alors qu'ils assurent simplement respecter les consignes.
Les grévistes réclament le limogeage du ministre de l'Intérieur
"Toute la société est contre nous, elle considère les manifestants (tués dans les heurts) comme des martyrs, alors que nous n'avons même pas le droit de nous défendre", ajoute le colonel. Le mouvement de grogne au sein de la police a débuté il y a plusieurs semaines par des manifestations isolées mais jeudi, des centaines de policiers se sont mis en grève un peu partout dans le pays. Le limogeage vendredi du commandant de la police anti-émeutes par le ministre de l'Intérieur n'y a rien fait.
"Nous poursuivrons notre grève jusqu'à ce que le gouvernement accepte nos revendications, à savoir éloigner la police de la politique, arrêter de placer des cadres des Frères musulmans à des postes-clé dans la police et limoger le ministre de l'Intérieur", a assuré le colonel Mohamed Fawzi du QG de la police au Caire, dans le journal al-Chorouk.
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