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Egypte: le tahtib, art martial ancestral, sort de l’oubli

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Le tahtib, que l’on peut traduire par «art du bâton» ou encore «jouer avec un bout de bois», est un art martial ancestral égyptien. Presque disparu, il se pratique encore dans certaines régions rurales. Mais depuis son inscription en 2016 au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'Unesco, il fédère de nouveaux adeptes curieux de renouer avec ce sport antique.

Le photographe Mohamed Abd El Ghany s’est rendu dans le centre du pays, à Sohag, sur les rives du Nil, où une école perpétue cette tradition millénaire.

On retrouve ses premières traces sur les tombes des pharaons de la Ve dynastie (2.800 avant J.-C.). Avec le tir à l’arc et la lutte, il est l’une des techniques de combat utilisées par les soldats chargés de la sécurité des puissants. A l’époque, il servait à blesser ou tuer son adversaire. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
cette discipline guerrière, a peu à peu disparu de l’entraînement militaire pour gagner les villages. Transmis de génération en génération, le tahtib est devenu un jeu pratiqué par les paysans et les bergers. Devenu non violent, accompagné de danses, de chants et de musique traditionnelle, il s’est invité dans les festivités des mariages. Au XXe siècle l’urbanisation de l’Egypte, l’a fait définitivement disparaître des villes. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
s’effectue toujours avec un bâton de 1.30 m à 1,40 m, d’un poids d’environ 600 grammes. Souple et léger, il permet ainsi de ne pas blesser les participants. Sa pratique demande beaucoup d'habileté et de précision pour bien exécuter les différentes figures: moulinets, rotations, sauts… (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
jeunes et âgés, majoritairement issus des communautés saeedy de Haute-Egypte. (…) Les règles du jeu reposent sur des valeurs telles que le respect mutuel, l’amitié, le courage, la force, la courtoisie et la fierté», explique l’Unesco. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
Cet événement collectif est partagé par le public, les musiciens et les combattants. Après s’être salués, les duellistes jaugent la force de leur adversaire. Les joutes sont très courtes entre une et deux minutes. Le but est toucher trois fois le corps de son adversaire ou de frôler sa tête sans le blesser. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
au son d’instruments traditionnels à vent et à cordes et de percussions. Quand la cadence s’accélère, les adversaires effectuent leurs mouvements plus rapidement. Mais à l’inverse, quand la musique ralentit, elle permet de réguler l’agressivité. Si les combattants perdent le contrôle et deviennent trop violents, le public stoppe immédiatement l’affrontement. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
«Le tahtib a largement inspiré d’autres arts, notamment le folklore, le théâtre, la danse orientale appelée aussi la danse du ventre, où les femmes miment les combats avec des cannes dorées légères. (…) Du fait de ses codes, de son histoire et de ses techniques, le tahtib comporte un potentiel considérable pour les pratiquants des Arts Martiaux et pour la société égyptienne en émancipation. Il donne la possibilité, par sa différence, de découvrir autrement» ce sport, «avec un angle nouveau, festif et participatif.» (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)
Installé en France depuis plus de 40 ans, il a fondé en 1978 à Paris l'association Seiza, qui enseigne les arts martiaux et le modern tahtib. Son travail pour la reconnaissance de ce patrimoine par le gouvernement égyptien a permis le 30 novembre 2016 l'inscription du tahtib au Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Avec cette reconnaissance, il explique dans un entretien accordé au «Point Afrique»: «Le gouvernement (égyptien) devra accroître ses efforts. (…) A savoir: la diffusion du tahtib dans les villes, son ouverture aux femmes.» Adel Paul Boulad souhaite permettre le passage de cet art de la campagne vers la ville. Si en Egypte, il est encore associé à la ruralité et au folklore, en Europe aujourd’hui, le tahtib est mis à l'honneur lors d'événements majeurs. (Mohamed Abd El Ghany / Reuters)

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