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Egypte: Shaimaa al Sabbagh, assassinat d’une icône

La mort en direct de la militante Shaimaa al Sabbagh met à nu les contradictions du régime du général président Abdel Fattah al Sissi. Aucune contestation n’est permise, qu’elle soit laïque ou islamiste.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Shaimaa al Sabbagh «assassinée par erreur». (Al Youm Al Saabi/Reuters)

Quelques minutes avant son assassinat le 24 janvier 2014, Shaimaa al Sabbagh s’époumonait avec quelques dizaines de camarades de l'Alliance populaire socialiste (parti de gauche, laïque) au Caire pour rappeler au président Abdel Fattah al Sissi l’engagement de la jeunesse de gauche dans le renversement du président Moubarak et ensuite de l’islamiste Morsi, élu démocratiquement. Elle ne pourra plus raconter à sa fille de 5 ans le présent mouvementé de l’Egypte. Elle a été emportée par des balles en chevrotine. La jeune trentenaire est devenue malgré elle l’icône d’une révolution qui a laissé aux Egyptiens un goût d’inachevé.
 
Week-end meurtrier. L’homme fort du Caire tient à ne laisser aucune contestation s’exprimer. Aux protestataires islamistes qui lui refusent toute légitimité, le Raïs lâche son armée sans état d’âme. Les partisans de Mohamed Morsi restent la cible principale de la répression des  autorités. Depuis son éviction, soldats et policiers ont tué plus de 1400 manifestants islamistes et plus de 15.000 personnes ont été arrêtées. Dimanche 25 janvier, au moins quinze civils, pour la plupart des manifestants islamistes, ont été tués lors de heurts avec les forces de sécurité, dans des rassemblements organisés par les partisans du président islamiste Mohamed  Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013.


La mort, une erreur
Shaimaa al Sabbagh voulait commémorer les quatre ans de la révolution, place Tahrir, haut lieu de contestation contre l’ex-président Moubarak. Un tir de chevrotine a rappelé à la gauche égyptienne que le nouveau régime ne souffre d’aucune protestation, fut-elle de ses anciens alliés objectifs. «En quatre ans, rien n'a changé: les mêmes armes qui ont tué les manifestants de 2011 tuent aujourd'hui les derniers protestataires», déplore Tarek Negeida, membre du Courant Populaire, autre parti d'opposition, cité par Le Figaro. La veille, une jeune manifestante de 17 ans avait déjà trouvé la mort à Alexandrie.
 
Bavure ? La police avait commencé par nier toute implication contrairement aux militants qui assurent que les forces de l'ordre avaient ouvert le feu. «Quatre ans après la révolution, la police tue toujours régulièrement des  manifestants», a dénoncé dans un communiqué Sarah Leah Whiston, la directrice pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch (HRW). Les autorités parlent d’erreur. Le Premier ministre, Ibrahim Mahlab, affirme qu'une enquête sur la mort de Shaïmaa al Sabbagh a été ouverte et que «qui que ce soit ayant  commis une erreur sera puni». Une erreur pour une vie emportée par de la chevrotine...

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