L'aide financière extérieure offre un sursis à l'Egypte
L’apport d’argent frais de 12 milliards de dollars au Caire provenant de l'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis et du Koweït va renflouer les réserves en devises étrangères de la banque centrale d'Egypte. Evaluées à 14,92 milliards de dollars (11,3 milliards d’euros) fin juin 2013, ces devises fondaient au rythme de un à deux milliard par mois.
«L'aide arabe permettra à l'Egypte de passer correctement la période de transition», a assuré, le 15 juillet 2013, le ministre égyptien du Plan, Achraf al-Arabi, qui a été reconduit dans ses fonctions par le nouveau Premier ministre, Hazem el-Beblaoui, appelé à gouverner jusqu'à la tenue de nouvelles élections législatives prévues dans six mois.
Le déficit budgétaire a doublé
Mais le soutien financier des pays du Golfe ne va pas, à lui seul, résoudre les deux principaux problèmes de l’économie égyptienne : l'instabilité politique qui éloigne les investisseurs étrangers et le déficit budgétaire incontrôlé. Ce dernier s'est envolé à 11,5% du PIB, atteignant 113,4 milliards de livres égyptiennes (86,5 milliards d'euros) au cours des cinq premiers mois de 2013, soit quasiment le double par rapport à 2012.
Les dernières statistiques montrent en outre une forte progression du chômage, qui atteint 13,2% de la population active contre 8,9% il y a trois ans. Des chiffres officiels qui seraient très en-deçà de la réalité, selon des experts. A cette situation s'ajoutent un système éducatif et un secteur médical en déliquescence, une corruption endémique, une administration pléthorique et un régime de subventions aux produits de base qui creusent le déficit.
Alors que le budget 2012-2013 avait été établi sur une prévision de croissance du PIB d'au moins 4%, celle-ci est retombée à moins de 2% pour l’année 2013 contre 5 à 7% sous l'ancien régime. L'Egypte et ses 84 millions d'habitants ne fait plus rêver les investisseurs étrangers. Sur une période de neuf mois, les investissements étrangers directs représentaient 1,4 milliard de dollars (1,07 milliard d’euros) contre un peu plus de 10 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros) il y a quelques années.
L'aide américaine maintenue
Depuis les accords de Camps David, traité de paix signé entre les Etats-Unis, l’Egypte et Israël en 1979, Washington alloue chaque année une aide directe aux militaires égyptiens. En 2013, l’armée égyptienne, qui dispose d’un important budget (3,4 milliards d’euros en 2010), a reçu ainsi reçu une contribution de 1,3 milliard de dollars (plus de 1 milliard d’euros).
En attendant de trancher pour savoir s'il y a eu «coup d'Etat» ou pas en Egypte, la Maison Blanche n’entend pas modifier son programme d’aide. Selon le quotidien Haaretz, les autorités israéliennes ont fait savoir à l’administration Obama que l’annulation de cette aide pourrait déstabiliser la situation dans le pays et menacer la sécurité d’Israël : l’affaiblissement des structures de force égyptiennes dans les zones frontalières pourrait permettre aux terroristes de pénétrer plus facilement sur le territoire israélien.
Un prêt du FMI dans l'impasse
La contribution annuelle de l’Union européenne est d’environ 190 milliards de dollars (145 milliards d’euros). Fin 2012, les Européens avaient annoncé être prêts à débloquer 6,4 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros) supplémentaires sous forme de subventions ou de prêts à l'Egypte. Mais ces fonds étaient assortis de conditions de réformes et incluaient la contribution de l’UE à un prêt du Fond monétaire international (FMI) qui, malgré des mois de négociations, n'a pas abouti.
Les chances de voir le FMI débloquer 4,8 milliards de dollars devraient s'améliorer avec la nomination de Hazem el-Beblaoui comme Premier ministre de transition. Agé de 76 ans, il a dirigé pendant douze ans l'Export Development Bank d'Egypte et a été membre d'instances économiques régionales.
Risque de pénurie alimentaire ?
Le 11 juillet 2013, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mettait en garde contre un risque de pénurie alimentaire du fait notamment de la baisse des réserves en devises étrangères. L'Egypte, qui importe en moyenne dix millions de tonnes de blé par an, ne disposait plus, selon des chiffres publiés la semaine dernière, que de 500.000 tonnes de blé d'importation en stock.
Les fonds du Golfe pourraient permettre au pays de continuer d'importer ces prochains mois des produits de toute première nécessité, en particulier le blé, dont l'Egypte est le premier importateur mondial, ou certains types de carburants comme le gazole. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), la vulnérabilité économique de la population s'est aggravée depuis la révolution de 2011. Désormais, un Egyptien sur deux est considéré comme pauvre vivant avec moins de deux dollars par jour.
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