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Secouée par l'épidémie de coronavirus, l'hôtellerie en Afrique croit toujours en son développement

La fréquentation des hôtels a chuté des deux tiers avec la crise sanitaire. Pourtant, le secteur poursuit ses investissements.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le prestigieux hôtel "Old Cataract" au bord du Nil à Assouan en Egypte. (DOZIER MARC / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Lexi, Micah et Ariel vous accueillent à l'hôtel Sky Sandton de Johannesburg, et c'est une première en Afrique. En fait, Lexi, Micah et Ariel sont trois robots humanoïdes. Leur présence permet en partie de réduire les interactions sociales dans le contexte de la pandémie de Covid. Ils peuvent assurer la réservation, ouvrir les chambres, porter jusqu'à 80 kilos de bagages et assurer le room service. Mais le directeur de l'hôtel, Herman Brits, l’assure : "Les robots ne remplaceront jamais les humains." Ces trois robots font quelque peu gadgets, mais ils illustrent la volonté de la profession d'attirer le client coûte que coûte. Dans un secteur hôtelier en pleine crise en ces temps de pandémie, chacun cherche à passer l'épreuve sans trop de casse.

Trois robots ont été installés dans l'hôtel "Sky Sandton de Johannesburg depuis janvier 2021.  (LUCA SOLA / AFP)

Autre approche, cette fois à l'intention du monde du travail. Au Maroc, la chaîne Onomo s'est associée à un spécialiste du coworking. L'hôtel permet la réservation d'un espace de travail à la journée. Une offre qui répond à l'explosion du télétravail, avec l'idée d'amortir au mieux un équipement hôtelier sous employé.

Baisse de 60% de la fréquentation

Car l'année 2020 a été catastrophique pour l'industrie hôtelière partout en Afrique, comme ailleurs dans le monde. Pour les trois mois de l'été dernier, le taux d'occupation des chambres n'a pas dépassé les 26% sur le continent, soit une chute de 60% de la fréquentation. Le revenu par chambre s'est effondré dans les mêmes proportions. Tout le monde souffre, y compris les grands groupes. Car si le tourisme est presque à l'arrêt, l'hôtellerie d'affaire subit également l'annulation des congrès et autres séminaires.

L'île Maurice ne rouvrira ses frontières qu'en août 2021, au mieux. (GUIZIOU FRANCK / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Et pour l'heure, l'année 2021 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices. En Afrique du Sud, les lounges dédiés aux safaris demeurent désespérément vides. L’Egypte a accueilli 500 000 touristes au cours du premier trimestre, contre plus de 2,8 millions sur la même période en 2019. Afin de stimuler le tourisme, l'Egypte a temporairement suspendu l’obligation de visa pour se rendre dans les stations balnéaires de la région de Charm-el-Cheikh, en mer Rouge, pour un séjour de moins de 15 jours.

Les projets sont maintenus

Pour autant, les grandes manœuvres se poursuivent chez les importants groupes hôteliers."Le tourisme s'en remettra" s'affirme comme étant le mot d'ordre.

Selon une étude du cabinet de conseil HTI Consulting réalisée en 2020, les deux tiers des projets hôteliers se poursuivent en Afrique subsaharienne. "Sur un total de 219 projets hôteliers en Afrique subsaharienne, une grande proportion (68%) de ces projets se poursuivent comme prévu, avec seulement 18% actuellement en suspens pour une période limitée, et 13% en suspens indéfiniment", affirme l'étude. Au cœur de ces projets, on retrouve les grands groupes mondiaux : Hilton, Marriott, Radisson et Accord, tournés vers une offre "grand luxe".

Ainsi, Accord poursuit sa stratégie de développement. Le groupe s'implante pour la première fois à Djibouti en ouvrant trois hôtels sous trois marques différentes, soit près de 300 chambres d'ici à 2023, en prévision du développement attendu du port. D'autres ouvertures dans le haut de gamme sont prévues au Maroc, en Egypte et en Côte d'Ivoire.

Reste une inconnue de taille pour la reprise, la situation du secteur aérien. Sous perfusion depuis le début de la pandémie, nul ne sait comment il repartira, même une fois les frontières totalement rouvertes. Combien de compagnies seront encore présentes ? Quelle sera leur capacité à assurer l'ensemble des destinations d'avant la pandémie et avec quelle fréquence ? La fréquentation des hôtels en sera totalement tributaire.

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