Trois questions sur la présidentielle en Egypte, un scrutin sans suspense
Les Égyptiens vont élire leur président pendant trois jours, du 26 au 28 mars. Le sortant Abdel Fattah Al-Sissi est quasiment assuré d'être reconduit.
Quelque 60 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les Égyptiens votent à partir du lundi 26 mars pour un scrutin présidentiel de trois jours. Ils auront le choix entre deux candidats, dont le président sortant Abdel Fattah Al-Sissi, quasiment assuré de décrocher un deuxième mandat. Qui lui fait face ? Dans quelles conditions va se dérouler cette élection ? Franceinfo répond à trois questions sur la présidentielle égyptienne.
Qui fait face à Al-Sissi ?
Dans les urnes, les électeurs pourront glisser l'un de ces deux noms : celui du président sortant, Abdel Fattah Al-Sissi, et celui de Moussa Mostafa Moussa. Élu en 2014, le premier est archi-favori du scrutin. Face à lui, le chef du minuscule parti libéral Al-Ghad a peu de chances de récolter un nombre significatif de voix, selon les experts.
Pour de nombreux opposants, Moussa Mostafa Moussa ne joue dans cette élection que le rôle d'un concurrent factice. "Jusqu’à l’annonce de sa candidature, il soutenait ouvertement le président Al-Sissi", décrit RFI. Le parti qu'il dirige avait en effet appelé les électeurs à élire de nouveau Abdel Fattah Al-Sissi avant qu'il ne présente sa candidature in extremis.
Moussa Mostafa Moussa rejette l'idée qu'il n'est là que pour faire de la figuration et donner l'impression d'une élection démocratique. Et assure que le scrutin sera équitable et transparent. "Quand j’ai vu que les autres candidats se retiraient, j’ai compris le danger d’un référendum sur la personne d'Al-Sissi. Cela donne des arguments aux Frères musulmans et à ceux qui appellent au boycott. L’abstention risquait d’être élevée, maintenant je suis là, il y a un choix", explique-t-il au Monde.
Pourquoi n'a-t-il (quasi) aucun concurrent ?
Avant l'annonce de la candidature de Moussa Mostafa Moussa, Al-Sissi a un temps été seul à candidat à l'élection, comme l'expliquait France 24. Et pour cause : les candidats de l'opposition se sont retirés un à un, parlant de manœuvres d'intimidation. Le principal rival d'Al-Sissi, Sami Hafez Anan, ancien chef d'état-major des armées, a été arrêté et emprisonné. L'ancien Premier ministre Ahmed Chafik s'est retiré de la course, tout comme l'avocat Khaled Ali, qui a dénoncé des pressions, ou encore Mohamed Anouar Al-Sadate, neveu de l'ancien président Anouar El-Sadate, liste CNN (en anglais).
Après ces désistements, Abdel Fattah Al-Sissi était donc seul (ou presque) à faire campagne. Il a multiplié les apparitions théâtrales lors de divers événements largement diffusés à la télévision et relatés dans les journaux. Et les villes, en particulier Le Caire, ont été inondées de portraits du chef de l'Etat, objet d'un véritable culte de la personnalité, comme le montre France 24 dans un reportage.
Mais alors, quel est le réel enjeu de ce scrutin ?
Dans ce contexte, les personnalités de l'opposition ont appelé au boycott de l'élection. Les regards se tourneront donc principalement vers le taux de participation. "La campagne n’est pas sur qui va gagner mais, qui va voter ? Le régime veut une forte participation pour réaffirmer sa légitimité à l’étranger. L’objectif est de faire autour de 47% comme en 2014", explique au Monde le sociologue égyptien Saïd Sadek. A la dernière présidentielle, elle avait atteint 37% après deux jours de scrutin, puis 47,5% après une prolongation d'une journée.
Pour assurer une large participation, les messages à l'attention des électeurs sont nombreux. "Des publicités encourageant les électeurs à se déplacer inondent les radios et télévisions", décrit le correspondant du Guardian (en anglais) sur place. "Une radio appartenant à un politicien pro-gouvernement a produit une chanson dans laquelle le chœur invite les auditeurs à participer !", ajoute le quotidien britannique.
Le vote devrait se dérouler sous haute surveillance, alors que le groupe Etat islamique a promis de s'en prendre à des lieux liés aux élections. A la veille du scrutin, deux policiers ont été tués dans un attentat à la bombe à Alexandrie qui visait le chef de la police de la deuxième ville d'Egypte. Pour garantir un "climat de sécurité", l'armée a acheminé des véhicules blindés dans plusieurs points du Caire et policiers et militaires ont pris position dans les bureaux de vote et mis en place des postes de contrôle à proximité.
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