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Visite officielle d'al-Sissi à Paris : le président égyptien "veut momifier les journalistes de son pays"

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter sans frontières, a dénoncé mardi sur franceinfo la conduite du président égyptien vis-à-vis des journalistes. Le pays "est l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes", a-t-il affirmé. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Baher Mohamed, journaliste égyptien, photographié dans un studio à Doha, au Qatar, le 18 juillet 2017, a passé 438 en prison au Caire.  (MOHAMMED ELSHAMY / ANADOLU AGENCY)

Reporters sans frontières (RSF) organise mardi 24 octobre à Paris un rassemblement à l'occasion de la visite officielle du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. RSF et plusieurs autres ONG comme Human Rights Watch et la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme exhortent Emmanuel Macron à dénoncer les violations des droits humains en Egypte.

Invité de franceinfo, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, attend du président français qu'il "fasse valoir auprès du président al-Sissi que la manière dont il opprime les journalistes de son pays, restreint la liberté de la presse, est inadmissible". "Aujourd'hui, l'Egypte est l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes", dénonce Christophe Deloire, qui accuse al-Sissi de vouloir "momifier les journalistes de son pays".

franceinfo : recevoir le président égyptien est-il une erreur ?

Christophe DeloireCe qui serait une erreur, ce serait de recevoir le président égyptien sans lui parler de ce qui se passe dans son pays et qui est tout à fait détestable et dangereux. Le président al-Sissi veut momifier les journalistes de son pays. La France et l'Europe sont aujourd'hui face à des pays comme la Turquie, la Chine, la Russie ou l'Egypte, dirigés par des hommes qui entendent imposer un modèle qui opprime la liberté de la presse. Et c'est important pour cela que les autorités réagissent.

Qu'attendez-vous précisément d'Emmanuel Macron ?

Qu'il fasse valoir auprès du président al-Sissi que la manière dont il opprime les journalistes de son pays, restreint la liberté de la presse, est inadmissible. Aujourd'hui, l'Egypte est l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes. Lorsque vous écrivez des choses qui déplaisent, vous pouvez être torturé et passé à tabac dans les bureaux de la sécurité de l'État, et ensuite placé en détention pendant des années sans avoir de procès. 16 journalistes sont actuellement en détention en Egypte.

Y-a-t-il une résistance, d'une façon ou d'une autre, de la part des journalistes en Egypte ?

Oui, il y a une résistance de journalistes qui essaient de faire vivre le pluralisme dans ce pays. Mais c'est extrêmement difficile. Pourquoi ? Parce qu'il y a des lois qui les en empêchent. Par exemple, il y a encore eu un attentat terroriste grave au sud du Caire il y a quelques jours. Eh bien, la loi interdit de diffuser le bilan exact. Ce qu'il faut, c'est diffuser le bilan officiel, et le bilan officiel est très loin de la réalité.

"Ce qui se passe en Egypte est dangereux et détestable" Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter sans frontières à franceinfo.

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