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Afrique du Sud: 800 squelettes de lions d'élevage pour le marché asiatique

Le 28 juin 2017, le gouvernement sud-africain a confirmé l’autorisation d’exporter 800 squelettes de lions élevés en captivité. Avec cette mesure, Pretoria veut répondre à la demande faite par certains pays d'Asie qui utilisent les os des grands fauves dans la médecine traditionnelle. Un moyen aussi, selon les autorités, d’éviter aux lions sauvages d’être victimes de braconniers…
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des os de lion photographiés en juillet 2012 dans la réserve du Dinokeng Game, à 50 km de Pretoria. Les chasseurs s'intéressent de plus en plus aux os des lions, qui sont expédiés dans des quantités toujours plus grandes en Asie.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Selon le New York Times, l'industrie de l'os de lion en Afrique du Sud fournit le marché de la médecine traditionnelle en Asie, surtout au Laos et au Vietnam. Pays qui fabriquent du vin d’os.
 
Pour répondre à la demande, Pretoria a mis en place un quota de 800 squelettes chaque année. Les os sont prélevés sur des fauves élevés en captivité dans des fermes (entre 150 et 200 en Afrique du Sud) et tués lors de safaris («la chasse en boîte», comme l'expliquait en 2016 Géopolis).
 
Le nombre de lions sauvages en Afrique a chuté d'environ 40% au cours des deux dernières décennies à environ 20.000, selon les estimations, relayées par le New York Times.
 
Un juteux business
Les exportations d’os de lions d’Afrique du Sud ont cours depuis 2007. Les lions se sont substitués aux tigres asiatiques, protégés. Depuis lors, le marché a connu un formidable essor. De 50 squelettes en 2008, les exportations sont passées à 573 en 2011. Puis, «entre 2010 et 2014 plus de 1555 kilos d’os de lions, représentant 2886 os individuels et 3018 squelettes entiers ont été exportés au Laos et au Vietnam», précise le site Actualité de la Faune sauvage africaine.
 
Il s’agit d’un juteux business pour les éleveurs sud-africains. En effet, lors de safaris, tuer un lion élevé en captivité peut rapporter 31.000 euros aux éleveurs. Avec la revente des os, ils peuvent toucher  8000 euros de plus, indiquait l’AFP dans une vidéo de 2012 (ci-dessous). 

Beaucoup de pays considèrent comme non-éthique la «chasse en boîte» et interdisent l’importation de trophées. Ce qui produit une baisse des demandes de safaris venues des chasseurs du monde entier, alors que la demande d’os, elle, augmente.
 
Les éleveurs pensent que la vente légale des os protègera les lions sauvages. Les défenseurs de l’environnement craignent un effet inverse et pervers: selon eux, l’autorisation des quotas d’exportation augmentera la demande, mettant en péril les félins sauvages, cibles des braconniers. Tout en multipliant le nombre de fermes d’élevages, dédiées au seul commerce des os.
 
Une étude pour évaluer l’impact de la mesure
Le département des Affaires environnementales en Afrique du Sud a commandité en janvier 2017 une étude sur trois ans pour évaluer l’impact de la vente des 800 squelettes des animaux d’élevage sur la population de lions sauvages. Il estime que l’interdiction de ce commerce peut relancer le braconnage.

Panthera, une association de protection des animaux, a estimé en mars 2017 que les quotas d'os mis en place par Pretoria étaient «arbitraires et potentiellement dévastateurs pour le lion sauvage». Un juteux business, on le voit, qui n’est pas prêt de s’arrêter. Sauf si… les pays d’Asie à l’origine de la demande interdisent un jour le vin d’os de lion. Mais ça, c’est une autre histoire!

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