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Botswana: débat public sur le rétablissement de la chasse aux éléphants

Un débat public sur le rétablissement de la chasse aux éléphants est officiellement lancé au Botwana. L'appel des agriculteurs du pays, qui se plaignent des pachydermes qui piétinent leurs champs de maïs, a été entendu par le président Mokgeweeti Masisi. Cette perspective inquiète l'ONG Eléphants sans frontière après qu'elle a recensé plus de 90 carcasses de pachydermes abattus pour leur ivoire.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Le Botswana abrite la plus grande population d'éléphants au monde. (Biosphoto / Thomas Dressler )

L'interdiction de la chasse commerciale aux éléphants remonte à 2014. Elle avait été instaurée par l'ex-président Ian Khama, considéré comme un défenseur et un passionné par la faune sauvage de son pays. Quelques mois après son départ, son successeur, Mokgweetsi Masisi, a lancé officiellement le 12 septembre 2018, lors d'une visite à Maun (nord-est), la capitale touristique du pays, un débat public sur l'opportunité du rétablissement de la chasse aux éléphants.
 
La ministre en charge du dossier, Pelonom Venson-Moitoi, a précisé sur Twitter que «la consultation nationale durera un mois avant qu'un rapport final soit rédigé pour être présenté au gouvernement».

Le Botswana, pays coincé entre la Zambie et l'Afrique du Sud, abrite la plus grande population africaine d'éléphants en liberté, estimée à 135.000 têtes en 2015. Ce sanctuaire, très prisé des amateurs de safaris haut de gamme, était protégé jusqu'en mai 2018 par des «rangers» spécialisés dans la lutte anti-braconnage. Mais le président Mokgweetsi Masisi a ordonné de désarmer ces unités pour se conformer, selon le gouvernement, à une loi du pays qui interdit à ces unités d'être armées.

Plus de 90 carcasses de pachydermes
Le responsable d'Eléphants sans frontières, Mike Chase, voit un lien entre le désarmement des «rangers» et le «plus grave épisode de braconnage en Afrique». Début septembre 2018, l’organisation avait affirmé avoir recensé depuis juillet sur le territoire plus de 90 carcasses de pachydermes lors d'un survol réalisé en collaboration avec le ministère botswanais de la Faune sauvage et des Parcs nationaux. Les autorités de Gaborone avaient réagi en qualifiant ce bilan de «faux et trompeur».

En 2014, l'interdiction de chasser les éléphants avait suscité un vif mécontentement notamment au sein du Parti démocratique du Botswana (BDP, au pouvoir), un député du parti ayant déposé une motion réclamant la levée de l'interdiction.

L'Union internationale pour la conservation de la nature chiffre à 30.000 les pachydermes victimes du braconnage chaque année. Le trafic de l'ivoire au cours de la dernière décennie a vu fondre leur nombre de 415.000 à 111.000, selon l'UICN.

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