Elimination des énergies fossiles : l'Afrique a besoin de plus d'investissements
Les pays africains sont parmi les plus exposés aux effets du changement climatique mais ils ne sont responsables que d'environ 3% des émissions mondiales de CO2.
L'Afrique s'est engagée à atteindre des émissions nettes de carbone nulles mais elle a besoin de plus d'argent et de temps pour s'éloigner des combustibles fossiles sans compromettre son développement économique, ont rappelé cette semaine divers responsables africains lors de rendez-vous internationaux. Des responsables du Ghana, d'Afrique du Sud et de l'Union africaine ont ainsi déclaré lors de conférences sur l'énergie cette semaine que le continent n'était pas prêt à abandonner le charbon, le pétrole et le gaz.
"L'Afrique est pleinement convaincue et engagée en faveur d'un taux net zéro et soutient l'agenda climatique, mais là où nous divergeons, c'est sur le calendrier"
Amani Abou-Zeid, commissaire à l'énergie de l'Union africaine (UA)à l'AFP
Transition écologique
La population africaine, qui s'élève à 1,3 milliard d'habitants, devrait doubler d'ici à 2050, et les pays de l'UA ont pour objectif de mettre une énergie abordable et fiable à la disposition de tous d'ici à 2063, a-t-elle noté. Le financement de la transition écologique de l'Afrique sera probablement l'un des principaux points chauds de la COP27 de novembre au Caire. En vertu de l'accord de Paris de 2015, les nations riches ont l'obligation d'aider les pays en développement à réduire leurs émissions dans le cadre des efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique. Mais elles n'ont jusqu'à présent pas respecté leurs engagements. Le vice-ministre ghanéen de l'Energie, Mohammed Amin Adam, a estimé que les investissements internationaux dans les énergies vertes en Afrique étaient "encore effroyables", ne représentant qu'environ 2 % du total mondial.
L'oxygène et le pain
Les pays africains devront également assurer le financement de projets pétroliers et gaziers lors de la COP27, car les revenus des combustibles fossiles sont nécessaires pour financer les mesures d'adaptation au climat. Selon le responsable ghanéen, la plupart des producteurs africains de pétrole et de gaz tirent l'essentiel de leurs recettes d'exportation de ces combustibles., a-t-il souligné.
"Si nous abandonnons cela, comment pouvons-nous même financer notre capacité à nous adapter aux effets du climat ? Nous ne le pourrons pas. À moins que nous n'ayons un substitut pour nos revenus"
Mohammed Amin Adam, vice-ministre ghanéen de l'Energieà l'AFP
Les pays africains sont parmi les plus exposés aux effets du changement climatique, notamment à l'aggravation des sécheresses et des inondations, mais ils ne sont responsables que d'environ 3% des émissions mondiales de CO2, a rappelé en septembre l'ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
La ministre de l'Environnement de RDC, Eve Bazaïba, rappelle que son pays aura de plus en plus de mal à choisir entre la lutte contre "l'extrême pauvreté" et "la lourde facture à payer pour l'adaptation au changement climatique", si les pays industrialisés ne lui offrent pas "d'alternatives technologiques et financières conséquentes".
"Nous avons besoin d'oxygène, nous avons aussi besoin de pain"
Eve Bazaïba, ministre de l'Environnement de la RDCDiscours à la pré-COP 27 de Kinshasa
Le charbon et l'emploi
S'exprimant lors d'un événement organisé dans le cadre de la Semaine africaine du pétrole au Cap, le ministre sud-africain de l'énergie, Gwede Mantashe, a déclaré qu'il n'était pas dans l'intérêt du pays d'abandonner trop rapidement le charbon, car cela nuirait à l'économie et coûterait des milliers d'emplois. L'Afrique du Sud est le principal producteur et consommateur de charbon du continent, mais aussi un des douze plus grands pollueurs du monde. L'année dernière, le gouvernement a obtenu 8,5 milliards de dollars de prêts et subventions d'un groupe de pays riches pour financer la transition vers des solutions plus écologiques. Mais l'accord est en suspens, dans un contexte de négociations tendues avec les pays donateurs sur la manière dont l'argent doit être dépensé.
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