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En Afrique, le plastique c’est pas chic

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min

Le 5 juin, "pour la Journée mondiale de l’environnement, bannissez les produits en plastique à usage unique. Ensemble, nous pouvons ouvrir la voie à un monde plus propre et plus vert", a lancé le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres. Si l’Afrique n’échappe pas à cette pollution, le continent, à l’image du Rwanda qui a interdit ce type de sacs dès 2008, veut être pionnier dans cette lutte.

Comme le précise Martin Mateso sur franceinfo Afrique: "Des associations se sont mobilisées aux quatre coins du continent pour dénoncer le laxisme des pouvoirs publics. Leur campagne de sensibilisation porte notamment sur l’interdiction de l’usage des sachets en plastique qui obstruent les ruisseaux, bouchent les canaux de drainage des eaux usées et dévastent les troupeaux. Au Sahel, 30% du cheptel meurt après en avoir consommé." Il ajoute: "Pour les spécialistes, les déchets ne doivent plus être considérés en Afrique comme des matériaux sans valeur, mais plutôt comme une ressource que le monde des affaires peut valoriser, en les recyclant sous différentes formes."

Retour en 10 photos sur ce fléau.

Le 3 novembre 2017, la loi interdit la production, l’importation, l’exportation, la commercialisation, la détention, la distribution et l’utilisation des sachets en plastique non biodégradables. Et la loi est sévère car «toute personne qui jette dans la rue un sachet en plastique est punie d’une amende qui peut atteindre 150 euros et d’une peine d’emprisonnement de trois à six mois.» Plusieurs pays comme le Kenya, le Sénégal, le Gabon, le Cameroun, le Togo, le Burkina Faso, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Rwanda ou le Maroc ont d’ores et déjà interdit la production et l’importation de ces sacs.
 (Ji-Elle/Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license.)
Malgré leur interdiction en 2013, les sachets plastique n'ont pas disparu du pays et restent le  premier problème environnemental. Plus de 200.000 tonnes de ces sacs sont produits chaque année. Ils envahissent les villes, les marchés, les zones rurales, les berges lagunaires et côtières, explique Ivoire Environnement. «Les déchets plastique impactent négativement la biodiversité avec son apparition dans la chaîne alimentaire des espèces animales qui sont menacées de disparition. Dans le domaine de la pêche, nous constatons aujourd’hui que les filets de nos braves pêcheurs contiennent plus de plastique que de poissons. (…) Il est important que la Côte d’Ivoire se dote d’une véritable politique de gestion des déchets plastique en favorisant des investissements privés massifs sur les projets de recyclage, comme il en existe partout au monde.»  (Sia Kambou / AFP)
Dans la capitale ghanéenne Accra, au lieu de se plaindre comme la plupart des habitants, de la multiplication des monticules de déchets le long des rues, l'ingénieur Nelson Boateng a eu l'idée de les transformer en argent. Le plastique est recyclé en pavés destinés à la construction des routes, car le jeune entrepreneur a fait ce constat: sur les 22.000 tonnes de déchets en plastique produites par le Ghana chaque année, 2% seulement sont récupérées.
 (Cristina ALDEHUELA / AFP)
Dans le but de lutter contre la pollution, le pays interdit l'utilisation, la fabrication et l'importation de sacs en plastique. En cas d'infraction, le contrevenant encourt une peine de quatre ans de prison ou une amende de 32.000 euros. Entrée en vigueur le 28 août 2017, l'interdiction vise principalement les sacs distribués par les commerçants, mais ne concerne ni les biens emballés dans du plastique, ni les sacs spécifiques utilisés pour les ordures. Le Kenya avait déjà tenté deux fois pendant la décennie écoulée d'interdire les sacs en plastique, en vain. Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement, les supermarchés kényans en distribuent encore jusqu'à 100 millions par an. Mais la mesure semble cette fois bénéficier enfin d'un large soutien, tant le problème de cette pollution est devenu visible.
 (ANDREW KASUKU / AFP)
La loi adoptée le 12 juin 2014 par l’Assemblée nationale, qui interdit la production, l’importation et la commercialisation des sachets plastique non biodégradables n’est jamais entrée en vigueur explique le site MaliActu. «Si le plastique n’est pas recyclé, il finit souvent par être jeté dans le fleuve et cause une pollution durable. Entre 60 et 85% des déchets ramassés dans les villes sont des plastiques.»
 (MICHELE CATTANI / AFP)
La lutte contre les sacs plastique continue. Depuis leur interdiction en juillet 2016, le gouvernement mène une opération «zéro Mika», nom donné aux sacs plastique. Cette interdiction s’inscrit dans la politique environnementale voulue par le royaume. Le pays a décidé la promotion des sacs en toile, une alternative écologiquement viable. «Les ménages marocains consomment environ 25 milliards par an de sacs. Sauf qu’après utilisation, ils finissent dans la nature, faute d’une filière de récupération et de recyclage. Conséquence: des océans à perte de vue de sacs en plastique (dont la durée de vie est estimée à près de quatre siècles) et un impact désastreux sur l’environnement», note le journal marocain «l'Economiste». Aujourd’hui, 57 entreprises produisent de nouveaux contenants: un milliard de sacs tissés, 1,8 milliard de sacs non-tissés, 8 milliards de sacs en papier et 1.000 tonnes de produits de thermoformage par an, se félicite le ministère de l’Industrie et de l’Investissement.
 (Frank Rumpenhorst / dpa / AFP)
Pour lutter contre les déchets plastique et les six millions de bouteilles jetées chaque jour, le pays a trouvé une solution: «construire des maisons avec des bouteilles en plastique. Le petit plus de ces constructions est (que les maisons) sont antisismiques. Il faut environ 14.000 bouteilles pour une petite maison, 200.000 pour une école», raconte Buzz Days.
 (STEFAN HEUNIS / AFPZIMBABWE)
Les dix millions d'habitants de Kinshasa, l'une des plus grandes mégalopoles d'Afrique, génèrent un volume de déchets d'environ 7 tonnes par jour. Les bennes à ordures du centre-ville débordent sur les trottoirs et les routes. Conséquence: lors des fortes pluies, des milliers de bouteilles en plastique se retrouvent dans les rivières qui sillonnent la ville et convergent vers le fleuve Congo. Long de 4.700 kilomètres et désormais surnommé «fleuve du plastique», il sert de frontière naturelle entre la République démocratique du Congo et le Congo.
 (JOHN WESSELS / AFP)
Chaque année, les 11 millions d'habitants produisent quelque 2,3 millions de tonnes de déchets ménagers et utilisent près d'un milliard de sacs en plastique non recyclables, selon des chiffres officiels. Les autorités, quant à elles, enfouissent 80% de ces déchets sur une quinzaine de sites répertoriés, mais bientôt engorgés. Le reste finit dans des «décharges anarchiques», selon le ministère de l'Environnement. (…) De son côté, le ministre de l'Environnement Néjib Derouiche a annoncé qu'un projet de loi interdisant la fabrication et la distribution des sacs en plastique non recyclables serait bientôt présenté aux députés, promettant «de lourdes amendes» aux contrevenants. Il est aujourd'hui établi que ces sacs menacent la vie de plusieurs espèces terrestres ou marines.
 (FETHI BELAID / AFP)
Les déchets plastique polluent les voies d'eau, les zones humides et les égouts qui inondent les villes du pays. Les zones urbaines et rurales luttent sans relâche contre ce fléau.
 (ZINYANGE AUNTONY / AFP)

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