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La seconde vie bien polluante des automobiles en Afrique

Faible pouvoir d’achat et construction automobile inexistante, l’Afrique s’est fait une spécialité du véhicule de seconde main importé d’Europe. C’est, de fait, un frein pour lutter contre la pollution atmosphérique qui étouffe les capitales.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
300.000 véhicules roulent chaque jour dans Nairobi, la capitale du Kenya.  (Nation Media Group)

 
Selon un rapport des Nations Unies cité par le journal Daily Nation, 14.300 Kenyans meurent chaque année en raison de la pollution de l’air. La circulation automobile contribue largement à rendre l’atmosphère irrespirable, en particulier à Nairobi. Plus de 300.000 voitures circulent chaque jour dans les rues de la capitale. C’est une des pires flottes automobiles pour ce qui est des rejets dans l’atmosphère. Conséquence: la pollution est dix fois supérieure à la norme autorisée par l’OMS.
 
Kenya, Ouganda, Bénin. Beaucoup de véhicules polluent allègrement le continent africain. Faute de transports en commun dignes de ce nom, l’automobile est reine dans presque toutes les capitales.

  (Capture d'écran Facebook)

Et selon le journal Le Monde, le pire est à venir. Le quotidien s’interroge en effet sur la seconde vie, africaine, des véhicules diesel qui ont fait leur temps sur les routes d’Europe. Selon Le Monde, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) va s’intéresser à ce problème dans un prochain rapport (lien payant).

En fait, c’est tout le flux d’importation des véhicules de seconde main qu’il conviendrait de réguler. Mais chaque pays a sa règle (et son business), ce qui ne facilite pas le contrôle. Le PNUE, au dire du Monde, prône une harmonisation des politiques. La Communauté d’Afrique de l’Est pourrait de son côté limiter les importations aux véhicules de moins de cinq ans, croit savoir Le Monde.

Tropicalisation 
Ces importations se moquent bien de ce que Peugeot appelle «la tropicalisation». Un joli terme pour parler de la préparation particulière que reçoivent les véhicules vendus sur le continent africain. Mais cette mise à niveau est variable en fonction des pays. Ainsi, les pays du Maghreb sont désormais classés au même niveau que la Turquie, 18 rangs de gagnés en 5 ans.
 
Les modifications sont multiples. Elles concernent tout d’abord la garde au sol et la protection du bas de caisse, en raison de l’état du réseau routier. En général, les suspensions sont renforcées et la garde au sol relevée.
 
Gros problème rencontré chez les constructeurs: la qualité des carburants. «Tant que l’essence contiendra du plomb, nous ne pourrons pas équiper de pots catalytiques les voitures diffusées sur le continent. Idem pour le gazole: sa forte teneur en soufre ne permet pas de monter des filtres à particules sur les modèles diesel», explique un responsable Afrique du constructeur Peugeot à Jeune Afrique.

Alors, attention à l’importation sauvage d’un véhicule réservé aux routes européennes. Certains équipements ne supporteront pas le dépaysement, comme le pot catalytique rongé par l’essence plombée, toujours courante en Afrique.

«Au revoir France» 
Depuis trente ans, le Bénin s’est fait une spécialité de cette importation de véhicules de seconde main. Grâce au port de Cotonou, c’est la plaque tournante notamment vers le Nigeria voisin, mais aussi vers le Sahel. Un commerce régulièrement mis à mal par les actions de protectionnisme nigérian, mais qui résiste. Ainsi, 250.000 véhicules en transit ont été importés en 2007.

27 pays n’ayant aucune réglementation sur l’âge des véhicules importés, le commerce a encore de beaux jours devant lui. Comme au Bénin où les petites annonces ne donnent pas le kilométrage des voitures qui ont 15 ans de bons et loyaux services.
 
 
 

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