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Pétrole en Afrique de l'Est : des ONG dénoncent "les risques majeurs" d'un méga-projet de la compagnie Total

Le méga-projet du géant énergétique français Total est situé sur les rives du lac Albert en Ouganda. C'est l'un des plus grands gisements d'Afrique dont les réserves sont éstimées à au moins 1,7 milliards de barils.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Sur les rives du lac Albert, les gisements de pétrole sont situés au sein de plusieurs réserves naturelles, comme ici dans les Murchisson Falls, le plus grand parc national de l'Ouganda. (ANTOINE LORGNIER / ONLY WORLD)

Des milliers de familles affectées et des écosystèmes en danger. Le lancement annoncé pour fin 2020 du projet opéré par le géant pétrolier français Total en partenariat avec la China National Offshore Oil Corporation dans la région du lac Albert, en Ouganda, suscite de vives inquiétudes des ONG. La Fédération internationale des droits de l'Homme et l'ONG Oxfam viennent de présenter les résultats de deux ans d'études dans les zones concernées.

Les entreprises provoquent des bouleversements sociaux majeurs qui touchent particulièrement les femmes, en s'emparant des terres pour faire place au pétrole

Maria-Isabel Cubides, chercheuse à la FIDH

Lors d'une conférence de presse en ligne

Le rapport présenté le 10 septembre 2020 indique que le projet de la compagnie Total affectera plus de 12 000 familles. "Les communautés sont laissées dans l'expectative concernant la perte de leurs terres et leur relogement", déplore Caroline Brodeur, experte en entreprises et droits humains pour l'ONG Oxfam. Les rapporteurs dénoncent les méfaits de 20 ans d'exploration pétrolière dans la région : "Dépossession de territoires, expulsions et acquisitions forcées des terres, faibles compensations et processus de réinstallation opaque."

La FIDH et Oxfam ne sont pas les seules ONG à tirer la sonnette d'alarme. La compagnie Total est déjà attaquée en France par six organisations non gouvernementales parmi lesquelles l'ONG Terres des Hommes. Elles accusent le géant pétrolier français de ne pas prendre en compte les impacts du projet sur les populations et l'environnement.

Même les populations qui ne seront pas expropriées dans les environs du lac Albert seront directement impactées par la pollution générée par l'activité pétrolière : pollution de l'air, des sols et de l'eau, inévitables dans le cadre de tels projets

Juliette Renaud, chargée de plaidoyer pour l'ONG Les Amis de la Terre

à franceinfo Afrique

C'est aussi la crainte exprimée dans le rapport publié par la FIDH et Oxfam. Les deux organisations s'inquiètent des répercussions que le projet aura sur "des écosystèmes sensibles" dans une région dont la biodiversité est une des plus riches au monde.

Des risques de contamination du Nil

Avec une superficie de 5 300 km², le lac Albert est très connu pour sa biodiversité. C'est l'un des plus riches en poissons au monde. Plus de 50% d'oiseaux du continent africain y sont représentés, ainsi que 39% des espèces de mammifères vivant en Afrique. Les ONG qui ont enquêté sur place dénoncent particulièrment le projet d'un réseau d'oléoducs de près de 1 500 km qui traverseront l'Ouganda jusqu'en Tanzanie pour expédier le pétrole vers les marchés internationaux. Le pipeline de pétrole brut d'Afrique de l'Est s'étendra du lac Albert au Nil.

"Nous sommes sur un des points de source du Nil avec tout un réseau d'oléoducs prévus qui doivent passer sous le Nil. Des possibilités de forages horizontaux sont aussi prévus sous le lac Albert, avec de grands risques de contamination", explique Juliette Renaud à franceinfo Afrique.

Le spectre d'une marée noire

Les défenseurs de l'environnement qui se sont rendus dans la région sont unanimes : les conséquences d'une marée noire dans la zone du lac Albert seraient catastrophiques. Tous les pays qui se partagent le Nil seraient  affectés, jusqu'à l'Egypte, préviennent-ils. Ils appellent les entreprises impliquées dans ce projet et les autorités gouvernementales concernées à prendre des mesures urgentes, afin d'éviter "un désastre humain et environnemental".

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