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Réchauffement climatique : le Mozambique pris dans le tourbillon des catastrophes naturelles

Le classement 2021 de l'indice mondial des risques climatiques produit par Germanwatch rappelle combien le Mozambique souffre des événements météorologiques extrêmes depuis vingt ans. 

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Une femme se tient debout, le 28 janvier 2021, près des ruines de sa maison détruite par le cyclone Eloïse à Chinamaconde (quartier de Dondo) dans la ville côtière de Beira, située dans le centre du Mozambique.  (ALFREDO ZUNIGA / AFP)

Cyclones, tempêtes tropicales, sécheresses et inondations s'abattent régulièrement sur le Mozambique depuis ces deux dernières décennies. Les effets du changement climatique sont devenus désastreux pour ce pays d'Afrique australe à la géographie singulière.

Le Mozambique, situé sur la côte orientale de l'Afrique australe avec plus de 2700 km de côtes le long de l'Océan indien (la 3e plus longue du continent), figure dans le top 5 des pays les plus touchés par des catastrophes naturelles entre 2000 et 2019, selon l’Indice mondial des risques climatiques (IRC) de Germanwatch. Ce dernier mesure "le niveau d’exposition et de vulnérabilité aux phénomènes météorologique extrêmes". Selon ce même indice, le Mozambique est le territoire qui a le plus souffert de ces violents épisodes climatiques en 2019. 

Le pays doit actuellement faire face aux conséquences d'un énième désastre. Le cyclone tropical Eloïse a frappé "le 23 janvier 2021 vers 2 heures du matin le pays, près de la ville côtière de Beira (centre du Mozambique),avec des vents de 140 km/h et des rafales atteignant 160 km/h, selon l'Institut national de météorologie du Mozambique (INAM)", rapporte ReliefWeb, le portail d'information humanitaire. Le bilan publié le 24 janvier 2021 par l'Institut national pour la gestion des catastrophes et la réduction des risques (INGD) faisait état de plus de 176 000 personnes affectées et plus de 8300 déplacés. Un bilan qui s'est alourdi les jours suivants : plus de 300 000 personnes sont aujourd'hui sinistrées. Cette catastrophe est "un très mauvais rappel du fait que le Mozambique est particulièrement exposé au changement climatique", a déclaré Myrta Kaulard, la représentante des Nations unies dans le pays lors d'un point presse le 26 janvier 2021.

Eloïse est arrivée quelques semaines après la tempête tropicale Chalane qui s'est abattue sur Beira dans la matinée du 30 décembre 2020. Cette même région avait été touchée par le cyclone Idai en mars 2019. La ville côtière avait alors été quasiment détruite. Un mois plus tard, en avril, c'est au tour de Kenneth, le plus fort cyclone tropical jamais enregistré en Afrique, de frapper les côtes mozambicaines qui accueillent 60% des 29,5 millions d'habitants du pays. Deux ans plus tôt, en février 2017, c'était d'un autre cyclone, Dineo, qui s'abattait sur le Mozambique. 

Depuis deux décennies, la vulnérabilité du Mozambique est de plus en plus perceptible. Le pays connaît en 2000 ses plus fortes précipitations depuis 50 ans et est frappé par quatre cyclones, dont le funeste Eline (Léon). Cette combinaison entraînera "une inondation catastrophique (notamment dans le bassin du fleuve Limpopo) d'une ampleur inconnue, qui a fait environ 800 morts et touché directement 4,5 millions de personnes", indique le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Phénomènes cumulatifs

Jusque-là, le pays était plutôt la proie de sécheresses. "Elles ont toujours été plus fréquentes que les inondations et les cyclones, et touchent une population plus nombreuse. La sécheresse la plus grave de ces dernières années a été celle de 1991-1992", notait un rapport de la Croix Rouge en 2007. Une décennie plus tard en 2016, le Mozambique sera confronté aux pires sécheresses en 35 ans.

Selon le PNUD, la plupart de ces catastrophes subies "semblent faire partie du phénomène El Niño (...) Les sécheresses des années consécutives pendant les phases d'El Niño alternent avec de graves inondations pendant leurs contreparties "La Niña" ("El Niño, et son pendant La Niña sont des phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial", indique-t-on sur le site de Météo France). 

Ainsi, poursuit l'agence onusienne, le pays devra notamment faire face dans les prochaines années à "une augmentation de la fréquence des cyclones de l'océan Indien, ainsi qu'une hausse des températures terrestres". Entre 1984 et 1997, le Mozambique a affronté cinq cyclones contre le double (11) entre 2000 et 2012, peut-on lire dans sa contribution déterminée au niveau national (CDN) soumise dans le cadre de l'Accord de Paris. 

Les faibles ressources dont dispose le Mozambique (181e dans le classement des pays suivant l'indicateur de développement humain du PNUD) et la rapide succession des différentes catastrophes sont en train d'enfoncer des populations déjà démunies dans la précarité. "Ce rendez-vous annuel avec la saison cyclonique (qui s'étend jusqu'en avril) est trop fréquent" pour laisser au Mozambique, le temps suffisant pour se remettre du désastre précédent, a souligné Myrta Kaulard, la représentante des Nations unies au Mozambique. Une situation que la pandémie liée au Covid-19 vient compliquer encore un peu plus. 

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