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Malmenée par le coronavirus, Ethiopian Airlines sauvée par le fret

Si la compagnie aérienne éthiopienne, la première d'Afrique, connaît elle aussi des turbulences liées à la pandémie, elle assure qu'aujourd'hui son choix de privilégier le fret l'a sauvée.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Déchargement, le 24 mars 2020, d'un avion d'Ethiopian Airlines à Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie. Le fret a permis à la compagnie de résister à la crise du transport aérien mondial dans le contexte de pandémie de coronavirus. (TONY KARUMBA / AFP)

Tirée d'affaire ? Il est peut-être encore trop tôt pour le dire. Mais Ethiopian Airlines semble mieux dépasser la crise que nombre de ses concurrents partout dans le monde. Son PDG, Tewolde Gebremariam, se félicite d'avoir privilégié le transport du fret, alors que les voyageurs se faisaient de plus en plus rares.

"Nous avons été très rapides, très flexibles et agiles pour déplacer nos forces et nos ressources sur le fret", explique-t-il. Il est vrai que la compagnie n'a pas ménagé ses efforts. 25 avions ont été transformés en avions-cargos en retirant les sièges sur une flotte de114 appareils. Sur vingt autres, les fauteuils ont été conservés, mais les ceintures de sécurité ont servi à arrimer les colis.

Hub humanitaire

Ainsi, 360 vols cargos transportant des équipements de protection contre le Covid-19 ont pour l'heure été assurés à destination de 80 pays. Car Ethiopian a aussi bénéficié d'un sérieux coup de pousse des Nations unies, qui ont installé un hub humanitaire à Addis Abeba. "Le premier vol cargo est arrivé en Ethiopie le 13 avril en provenance des Emirats arabes unis, chargé de tabliers, de masques faciaux, de gants, de lunettes, de blouses et de thermomètres achetés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations unies pour être distribués dans 32 pays africains."

("Notre nouveau Boeing 787-9 Dreamliner à son arrivée à Addis Abeba chargé de matériel humanitaire offert par la communauté éthiopienne de Seattle et la structure de lutte contre le Covid-19 de la ville. Une opération conjointe entre Ethiopian et Boeing")

La compagnie a tout de même perdu plus d'un milliard de dollars de recettes du fait des fermetures des frontières aériennes. Pourtant, son PDG annonce qu'elle a engrangé un profit de 44 millions pour le premier semestre 2020. Elle n'a pour l'heure demandé aucun soutien financier, ni licencié le moindre salarié, assure Tewolde Gebremariam.

Un cri de victoire prématuré ?

En avril, au plus fort de l'explosion de la pandémie, le PDG se montrait moins optimiste et s'interrogeait sur la capacité de la compagnie à surmonter l'épreuve. Du reste, l’Association du transport aérien international (IATA) reste inquiète quant à l'avenir du transport aérien. Pour son PDG Alexandre de Juniac, les compagnies aériennes dans leur ensemble perdent 300 000 dollars par minute, soit un total de 77 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Et selon lui les compagnies n'ont tenu que grâce au soutien des finances publiques : 160 milliards de dollars versés par les Etats. "Sans quoi nous aurions connu bien plus de dépôts de bilan et de suppressions d'emplois", affirme Alexandre de Juniac.

Dans un tel contexte, le bilan actuel d'Ethiopian relève du miracle. En tout cas, le hub sanitaire lui a été très profitable. Aujourd'hui, alors que le trafic passager n'est encore qu'à la moitié de celui de 2019, Ethiopian se propose même de venir en aide à son voisin d'Afrique du Sud. Le patron d'Ethiopian suggère une coentreprise avec l'Etat sud-africain pour sauver South African Airways (SAA), en restructuration depuis décembre 2019.

SAA a besoin de 600 millions de dollars pour redécoller. "La plus grande compagnie aérienne d'Afrique, Ethiopian, est prête à fournir des avions, des pilotes et des services de maintenance à sa rivale sud-africaine en difficulté", a annoncé Tewolde Gebremariam dans un tweet.

Dans sa forme restructurée, le transporteur sud-africain devrait reprendre ses vols jusqu’en février 2021 avec une "mini" flotte de six appareils et un effectif de 1 000 employés. Pour Ethiopian, ce partenariat permettrait de renforcer sa présence en Afrique du Sud où elle ne dessert quotidiennement que Johannesburg et trois fois par semaine Le Cap.

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