Tigré : des centaines de femmes violées par des soldats éthiopiens et érythréens
Le viol comme arme de guerre. Cette fois c'est la région du tigré qui en est victime. Des centaines de femmes ont été violées par des soldats éthiopiens ou érythréens, accuse Amnesty International.
C’est un parcours en enfer que des centaines de femmes ont vécu dans la région du Tigré.
Des combattants de l’armée éthiopienne, mais aussi des soldats des forces érythréennes et des forces spéciales de la police de la région de l’Amhara se sont livrés aux pires exactions : des viols, des viols en réunion, de l’esclavage sexuel, des mutilations sexuelles et d’autres formes de tortures, souvent accompagnés d’insultes à caractère ethnique et de menaces de mort.
"De toute évidence, les viols et les autres formes de violences sexuelles sont utilisés comme armes de guerre pour infliger un préjudice physique et psychologique durable à des femmes et des filles dans le Tigré. Des centaines de femmes et de filles ont fait l’objet de brutalités dégradantes et déshumanisantes", a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
Le viol comme arme de guerre
Selon Amnesty International qui a documenté ces exactions, les services de santé du Tigré ont enregistré 1 288 cas de violences liés au genre entre février et avril 2021. L’hôpital d’Adigrat, une ville à la frontière avec l’Erythrée, a recensé 376 cas de viol entre le début du conflit en novembre 2020, et le 9 juin 2021. Cependant, de nombreuses victimes ont indiqué à Amnesty International qu’elles ne s’étaient pas rendues dans un centre de santé, ce qui laisse à penser que ces chiffres ne représentent qu’une petite fraction des viols commis dans le contexte du conflit.
L’ONG s’est entretenue avec 63 victimes qui ont raconté leur calvaire. Douze d’entre elles disent avoir été capturées par des soldats et détenues durant des jours dans des camps militaires ou des maisons. Là, elles étaient régulièrement violées, en général par plusieurs hommes.
Une jeune femme de 21 ans explique avoir été enlevée par des militaires érythréens et éthiopiens au début du conflit, en novembre. Elle a été détenue durant 40 jours en compagnie d’une trentaine d’autres femmes. "Ils nous violaient et nous affamaient. Ils étaient tellement nombreux, ils nous violaient à tour de rôle. Nous étions une trentaine de femmes, ils nous ont toutes violées."
Humiliations et sévices corporels
Les militaires et les miliciens tentaient constamment d’humilier leurs victimes en ayant fréquemment recours à des insultes, notamment à caractère ethnique, des menaces et des commentaires dégradants. Souvent les viols ont été exécutés en présence d’autres femmes, renforçant ainsi l’effet de terreur.
Dans une région ravagée par les combats, où les centres de soins sont devenus des cibles, les victimes ont reçu peu ou pas de soins et de soutien psychologique. Beaucoup ont signalé des traumatismes physiques, tels que des saignements persistants, des maux de dos, l’incapacité de se mouvoir ou encore des fistules.
Certaines sont porteuses du VIH depuis leur viol. Le manque de sommeil, l’anxiété et la détresse émotionnelle sont courants chez les victimes et les membres de leur famille ayant assisté aux violences, rapporte Amnesty International.
"Il faut que toutes les allégations de violences sexuelles fassent l’objet d’une enquête efficace, indépendante et impartiale afin que les victimes obtiennent justice, et qu’un programme de réparation efficace soit mis en place", conclut le rapport de l'ONG.
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