Le championnat de football du Gabon est à l'arrêt pour cause de Covid-19 et les joueurs ne sont plus payés depuis un an
Les joueurs professionnels ne vivent que de petits boulots. Mais la pandémie a également révélé la situation catastrophique du football gabonais.
C'est l'arbre qui cache la forêt. Bien que qualifié pour la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2022, le football gabonais est en pleine crise, et ce depuis des années, l'épidémie de coronavirus n'a fait que précipiter les choses. Le championnat est à l'arrêt depuis mars 2020, et nul ne sait quand il reprendra. Conséquence, les joueurs professionnels du pays ne touchent plus le moindre revenu depuis plus d'un an.
L’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) a adressé une lettre ouverte au président de la République, le 15 mars dernier. Pour Rémy Ebanega, le chef de file des footballeurs gabonais, il n'y a que deux solutions. Soit reprendre le championnat en "l'adaptant aux exigences sanitaires actuelles", soit accompagner financièrement les joueurs "pour leur permettre de survivre jusqu’à la reprise officielle des activités".
Boutique solidaire
Selon l'association, 700 joueurs professionnels sont concernés. La situation est telle que l'ANFPG a même mis en place une boutique solidaire, un "resto du cœur" réservé aux joueurs. Chaque mois, huit d'entre eux perçoivent un panier garni : huile, riz, conserves, pour une valeur d'environ 45 euros."Ça va me permettre de tenir deux à trois semaines en plus", confie l'un des bénéficiaires à l'AFP.
Sinon, c'est auprès des anciens que se rend Chicco Sassou, à la recherche de petits boulots "pour gagner un peu d'argent". L'association affirme que les joueurs sont ainsi contraints de retourner vivre chez leurs parents, faute de pouvoir payer un loyer.
Elle dénonce également la façon dont l'aide Covid-19 de la FIFA a été dépensée. La fédération, la Fégafoot, n'a pas intégré les joueurs professionnels dans la liste des bénéficiaires d'une seconde tranche d'aide, à hauteur de 500 000 dollars, et semble préférer investir dans la création d'une boutique officielle de produits dérivés.
Quant à la première tranche, elle a permis en partie de traiter l'épineux et récurrent dossier des arriérés de salaire. En moyenne, les joueurs gabonais ne sont payés que deux mois sur douze. Ici, on est loin des salaires mirobolants des grands clubs européens.
Pas de contrat
Le revenu moyen d'un joueur s'élève à 100 000 francs CFA (150 euros). "Le problème au Gabon, c'est que les joueurs peuvent obtenir des licences sans que les clubs soient obligés de leur fournir un contrat de travail", explique Rémy Ebanega. Pas de contrat de travail et donc pas de salaire ! Et en cas de crise comme actuellement, les joueurs n'ont aucun moyen de se défendre.
"Le désordre et l’inorganisation sont l’essence de la gestion du football au Gabon", dénonce Gregue-Nguele, éditorialiste sur le site Gabon médiaTime. A tel point que l'Etat n'a pas versé sa subvention à la fédération. Les clubs à leur tour sont au bord du précipice, privés de sponsors par l'arrêt des compétitions, et privés de subventions.
"Détecter les talents"
Le ministre des sports, Franck Nguema, a promis de remettre tout à plat et de relancer le championnat national. "Pour que nous puissions détecter les talents, que les footballeurs locaux puissent gagner leur vie et que nous puissions enfin renforcer l’équipe nationale des Panthères".
Depuis six ans en effet, aucun joueur évoluant au Gabon n'a été retenu dans l'équipe nationale. Si le Gabon s'est qualifié c'est d'abord grâce aux joueurs expatriés, voir aux bi-nationaux comme Pierre-Emerick Aubameyang. Après avoir joué pour l'équipe espoir française, l'attaquant d'Arsenal a choisi l'équipe nationale du Gabon. Bien loin des soucis des footballeurs de son pays.
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