Le trafic de bois rare kevazingo sévit aussi en Guinée équatoriale, voisine du Gabon
Sept conteneurs de kevazingo, un bois précieux dont l'exploitation est en principe interdite en Guinée équatoriale, ont été saisis le 13 octobre 2019 à Bata, la capitale économique du pays. Ce bois est très prisé en Asie.
Sur le marché asiatique, un stère de kevazingo (provenant du guibourtia tessmannii, un arbre tropical qui peut atteindre 4 mètres) s'échangerait contre l'équivalent de plus de 3000 euros. A ce tarif-là, pas étonnant que des réseaux cherchent à mettre sur pied un commerce de ce bois rare, comparable au bois de rose, interdit d'abattage et d'exploitation en Guinée équatoriale. Les trafiquants présents à Bata le 13 octobre 2019, lors de la saisie de sept conteneurs pleins de la précieuse cargaison, ont tous été appréhendés, ont indiqué les autorités équato-guinéennes à l'AFP.
Des entreprises chinoises très présentes dans le secteur du bois
"Les acheteurs étaient chinois", a précisé Gabriel Ngua Ayecaba, en charge de l'environnement au ministère de l'Agriculture. Le kevazingo est notamment utilisé en médecine traditionnelle.
La forêt recouvre plus de la moitié du petit territoire de la Guinée équatoriale, 28 050 km² curieusement répartis d'un côté sur l'île de Bioko, où se trouve la capitale Malabo, et de l'autre, sur le continent. Coincés entre le Cameroun au nord et le Gabon au sud.
Les entreprises chinoises sont largement majoritaires dans l'exploitation forestière en Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole devenue indépendante en 1968. Mais leurs méthodes sont régulièrement dénoncées par les populations locales pour leur non-respect des régulations. Il n'en reste pas moins que Malabo entretient d'excellentes relations avec Pékin et ce, depuis bientôt 50 ans. Arrivé à la direction du pays en 1979, Teodoro Obiang, désormais recordman mondial de longévité politique à la tête d'un Etat, est régulièrement accusé par ses opposants de profiter de taxes sur le commerce du bois pour améliorer un train de vie déjà confortable.
Une affaire similaire au Gabon
Concernant la dernière saisie de kevazingo, "l'affaire a été prise en charge par les autorités compétentes", a sobrement annoncé la télévision nationale de Guinée équatoriale (TVGE), sans préciser quelle juridiction se chargerait du dossier.
Une affaire qui remet sous les feux des projecteurs un scandale similaire, mais à grande échelle, survenu au Gabon voisin fin février 2019 : un important trafic de kevazingo y était devenu une affaire d'Etat, le "kevazingogate", quand 353 conteneurs avaient été saisis par les douaniers.
Selon des informations obtenues par Jeune Afrique, "ce bois précieux devait être exporté par la société chinoise Ganglin Bois pour Shanghaï, via le transitaire chinois Trans Obali. (...) Les Eaux et Forêts avaient fabriqué un faux document de spécification signalant simplement du 'bois tropical', indique une source proche de l’enquête."
Gabon et Guinée équatoriale sont deux pays pétroliers d'Afrique qui ont vu leurs recettes fondre avec la baisse des cours en 2014 et où l'exploitation des bois rares de la forêt équatoriale représente une source importante de revenus.
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