Inondations toujours meurtrières en Afrique
Près de 20 pays d'Afrique continuent de payer un lourd tribut aux pluies diluviennes avec plus de 270 morts depuis juillet, alors que les appels à l'aide humanitaire pour environ 1,5 million de personnes affectées par les inondations ont commencé à susciter des réponses.
Comme beaucoup sur le continent, l'Ougandaise Marguerite Akol prie pour la fin de ce trop-plein d'eau meurtrier. Son pays est l'un des plus affectés par les pluies diluviennes qui ont fait 18 morts, selon le gouvernement, et laissé 500.000 personnes sans abri ou dépendantes de l'aide humanitaire.
Kampala a déclaré l'état d'urgence le 12 septembre.
A Ongoro (nord-est) où vit Mme Akol, les récoltes ont été détruites, le stock de céréales a pourri. Après une petite accalmie, les pluies ont repris samedi, entravant le travail des sauveteurs et retardant l'envoi de l'aide humanitaire dans les zones difficiles d'accès, a affirmé dimanche le gouvernement.
La furie des eaux a également provoqué une situation de catastrophe en Afrique de l'Ouest, région en majorité sahélo-saharienne plus souvent confrontée à la faiblesse des pluies.
Récoltes détruites, provisions perdues, infrastructures abîmées... Toutes les conditions sont réunies pour "exacerber la précarité de la situation sanitaire et de la sécurité alimentaire", déjà faibles dans la zone, prévient l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L'OMS estime qu'il y a environ 500.000 sinistrés dans douze pays ouest-africains affectés par les inondations, avec des risques accrus de paludisme et maladies diarrhéiques. La situation est jugée particulièrement préoccupante au Burkina Faso, au Togo et au Ghana.
Le Ghanéen Daniel Moro, paysan de Nayaginia (90 km au nord d'Accra), confirme: en quelques semaines, il a perdu ses trois maisons, ses champs, sa fortune.
Il dit avoir besoin de 142 euros (200 dollars) pour reconstruire ses habitations, assurant n'avoir rien reçu de l'aide d'urgence de 48 millions d'euros (67 millions de dollars) annoncée par Accra.
Au Mali, 9 morts, 17 blessés et plus de 41.500 sans-abri ont été recensés par le gouvernement, qui indique avoir dépensé "plus de 2 milliards de FCFA (plus de 3 millions d'euros)" pour assister les sinistrés.
Le Togo annonce avoir près de 66.000 personnes affectées, 20 morts et 60 blessés, tandis que l'Algérie a compté 13 morts, dont huit membres d'une même famille emportés dans la crue d'un oued à M'Sila (centre-est), où plusieurs hameaux demeuraient sous les eaux.
Plus de 270 morts et des dizaines de milliers de sans-abri ont été dénombrés au total dans 18 pays, dont le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, l'Ethiopie, le Kenya, et le Soudan, qui est l'un des plus touchés avec l'Ouganda.
Certains Etats ont lancé des appels à l'aide ou à la solidarité internationale, qui ont été appuyés vendredi par des organisations humanitaires internationales.
La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a ainsi exhorté à une mobilisation "massive" en faveur des sinistrés, tandis que le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a demandé une aide d'urgence de 29 millions d'euros (41 millions de dollars) pour 300.000 personnes sinistrées.
Ces appels ont commencé à susciter des réactions dès vendredi.
Le Canada a annoncé l'octroi de 3 millions de dollars (2,13 millions d'euros), les Pays-Bas ont annoncé le déblocage de 11 millions d'euros. Le même montant a été promis par l'Union européenne (UE).
Ces inondations "sont un signal d'alarme", a prévenu le commissaire européen au Développement, Louis Michel. "Chaque nouvelle catastrophe souligne le danger auquel le monde - et plus particulièrement les pays en développement et les petits Etats insulaires -, fait face à cause du changement climatique", a-t-il expliqué.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.