Cet article date de plus de six ans.

L’Afrique vue par Visa pour l’image 2018

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
La 30e édition du festival de photojournalisme Visa pour l’image à Perpignan se termine. Cette année, les 25 expositions, les projections au Théâtre de l’Archipel et les rétrospectives ont permis de (re)découvrir les meilleurs clichés et reportages de l'actualité du monde. Géopolis vous propose un tour d’horizon des différentes manifestations consacrées à l’Afrique.

a remporté pour son reportage sur les élections kényanes le prix de la ville de Perpignan-Rémi Ochlik, du nom d’un photographe tué en 2012 en Syrie. Photographe à l’AFP, il explique: «Les Kényans se sont rendus aux urnes le 8 août 2017, après une campagne électorale tendue entre le président sortant Uhuru Kenyatta et le candidat de l’opposition Raila Odinga. Ces élections n’ont fait qu’accroître les tensions dans le deuxième pays le plus riche d’Afrique de l’Est. Le lendemain de l’élection, alors que les résultats provisoires donnaient le président Kenyatta vainqueur, des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre dans différentes villes du pays.»
 (Luis Tato / AFP)
a réalisé un reportage sur les Fourmis rouges, employés d’une société spécialisée dans l’expulsion, connus pour leur violence. Le photographe dresse un portrait détaillé de cette équipe redoutée, tout en abordant des questions politiques et polémiques sur le régime foncier, le logement et l’expropriation, dans une sorte de zone grise créée par l’incapacité de l’Etat à répondre aux besoins en logement et à faire respecter la loi. «Ils sont souvent accusés de vol, d’agressions sexuelles et de meurtres. Leurs méthodes extrêmement brutales provoquent des affrontements qui font des blessés et des morts des deux côtés. La plupart de ces hommes font pourtant partie des populations les plus démunies de la société, venant des mêmes communautés auxquelles ils infligent tant de souffrances», précise le photographe. Il a remporté le  Visa d’or Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, catégorie Magazine 2018.
 (James Oatway)
vit en Afrique du Sud,  où il a réalisé ce reportage «Les Otages du centre-ville de Johannesburg». «Pendant que le monde entier a les yeux rivés sur les migrants africains qui se déplacent vers le Nord pour atteindre les rivages européens, les milliers de migrants africains qui font route vers le Sud pour s’installer à Johannesburg, une des villes les plus riches d’Afrique, passent inaperçus. Certains ont trouvé refuge dans des bâtiments abandonnés du centre-ville, un quartier tristement célèbre pour son taux de criminalité, de pauvreté et de chômage», raconte le photographe.
 (Jonathan Torgovnik / The Verbatim Agency)
photographe de l’AFP déclare: «Depuis des décennies, la République démocratique du Congo est plongée dans un cycle infernal de crises politiques, de conflits et de cupidité.» Il ajoute, «Après avoir reporté les deux derniers scrutins, on promet des élections libres et équitables pour 2018. Les autorités, par des interventions rapides et parfois mortelles, ont étouffé la liberté d’expression et réprimé toute forme de contestation. Aujourd’hui il ne reste guère de marge de manœuvre.»   
 (John Wessels / AFP)
remporte le Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) en 2014 pour son reportage sur la crise humanitaire en Centrafrique. On a pu redécouvrir son travail lors de l’exposition rétrospective du Visa d’Or humanitaire créé par le CICR en 2011. «Depuis décembre 2013, je me suis rendu plusieurs fois en Centrafrique. J’ai couvert la catastrophe humanitaire dans les camps de déplacés de la capitale, comme l’impressionnant camp de l’aéroport M’Poko qui, en quelques jours, s’est vu grossir de 100.000 personnes, en grande majorité chrétiennes ou animistes, qui fuyaient les combats entre Séléka et anti-balaka», raconte le photographe.
 (William Daniels / PANOS PICTURES)
est la lauréate du Visa d’or humanitaire du CICR en 2015 pour son reportage sur un procès pour viols en RDC. «Entre le 12 et le 19 février 2014, un tribunal temporaire a été installé à Minova, une localité au bord du lac Kivu, dans l’est de la RDC. 39 membres des Forces armées de RDC ont été accusés d’actes de violence commis pendant dix jours de terreur en novembre 2012, durant lesquels plus de 1.000 femmes, hommes et enfants auraient été violés dans la seule ville de Minova. En définitive, 37 militaires ont été inculpés pour viols», précise Visa.
 (Diana Zeyneb Alhindawi)
ont réalisé un reportage «Restoring Dignity» sur le noma, une forme de gangrène qui dévore le visage et touche les populations les plus pauvres principalement en Afrique de l’Ouest et dans une moindre mesure en Inde. Cette infection est mortelle dans près de 90% des cas.
 
 (Fabrice Caterini - Claire Jeantet  / Inediz)
est le lauréat du Prix Pierre&Alexandra Boulat soutenu par la Scam en 2017, grâce à son travail intitulé «L'Ame des dikis» sur la jeunesse d’Alger. «Il n'est pas facile d'aimer à Alger dans une société où tout ce qui touche l'intime est haram. Car sans mariage, pas d'amour ni de sexe.  (…) Pourtant, la jeunesse a de plus en plus de mal à s'y soumettre. Elle aspire à vivre pleinement. Les dikis sont plus qu'un squat, un endroit abandonné, une terrasse, ou un simple appartement discret. C'est un véritable mode de vie. Un lieu de résistance. Une réponse à la frustration quasi palpable de cette jeunesse qui a l'impression d’étouffer. Dans ces bulles de liberté, on se rencontre, on discute sans tabous. Parfois, on joue de la musique, on s'aime et on expérimente les interdits. Parfois dans l’excès de ceux qui veulent tout vivre trop vite. Car ils le savent, ces instants passés dans ces refuges ne sont que des parenthèses rares et précieuses» raconte le photographe.
 (Romain Laurendeau )
raconte: «Pour moi, chaque jour commence de la même façon et se termine de manière identique. Je m’attends au pire tout en espérant le meilleur. On ne sait jamais si l’on va rentrer vivant… La plupart des sujets que je traite ont trait à la violence, dont je pourrais moi-même être victime. Mes proches font pression sur moi car ils considèrent que mon métier est trop dangereux. Je prie Dieu chaque jour de me laisser rentrer chez moi sain et sauf.» Agé de 28 ans, il est en poste à Mogadiscio et travaille pour l’AFP depuis 2011. Ses photos montrent la vie des Somaliens meurtris par les attentats et les combats entre bandes rivales. Cette violence au quotidien – carcasses de voitures encore fumantes et immeubles éventrés – rythme son travail. Les islamistes shebabs, à la tête d’une insurrection dans le pays depuis 2007, multiplient les opérations de guérilla et les attentats-suicides contre des sites en vue de la capitale somalienne», précise Visa.
 (Mohamed Abdiwahab / AFP)
et la journaliste Valentine Van Vyve, membres du collectif Huma, ont reçu le Visa d'or de l'information numérique franceinfo pour leur enquête au Burkina Faso sur les Koglweogo, «gardiens de la forêt» en langue moré. Ce reportage sur les milices d'autodéfense burkinabè a été publié sur le site de La Libre Belgique. «Illustration du ras-le-bol de la population face à l’insécurité, les Koglweogo se proclament policiers, juges et bourreaux. Ils sont efficaces: braquages, vols et viols ont diminué. Mais à quel prix? Leurs pratiques violentes défient les droits humains et le respect de l'Etat de droit», précise La Libre.
 (Olivier Papegnies / Collectif Huma)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.